Un ex-physiothérapeute qui a agressé sexuellement deux patientes « vulnérables » pendant des traitements en 2018 a été condamné à 11 mois de prison mercredi, au palais de justice de Montréal. Les victimes d’Edgar Tobon ont été traumatisées au point de cesser leur traitement au péril de leur santé.

Claire* consultait Edgar Tobon pour des maux de dos chroniques à l’époque. Mais après l’agression sexuelle, elle n’était plus capable de subir un traitement. « Mes douleurs ont donc augmenté, jusqu’à ne plus pouvoir marcher. J’ai donc dû retourner voir un professionnel dans la peur », a-t-elle confié dans une lettre lue à la cour mercredi lors de l’imposition de la peine.

Edgar Tobon a profité d’un premier traitement avec la jeune femme pour lui toucher ses parties génitales. Lors d’un second rendez-vous, le physiothérapeute a touché les fesses de Claire une dizaine de fois en exécutant un va-et-vient à caractère sexuel entre les fesses et les parties génitales de la victime. Celle-ci sentait alors que son agresseur était en érection.

« Pendant les évènements, je me suis sentie prisonnière et j’ai figé pendant un moment. Mon corps était en état de choc et mes pensées se bousculaient. Je souffre d’anxiété depuis. […] Je suis hyper vigilante dans mon environnement. C’est difficile de faire confiance aux professionnels de la santé et aux gens en général », relate Claire.

Julie*, elle, a carrément perdu le « goût à la vie » à la suite de l’agression aux mains d’Edgar Tobon. Ainsi, elle n’a jamais conclu son traitement obligatoire à la cheville. « Je n’ai pas pu travailler pendant des mois. Tout a changé chez moi pendant longtemps. J’ai subi un choc », raconte-t-elle dans une lettre.

Cette femme dans la cinquantaine était la dernière patiente d’Edgar Tobon, un soir de février 2018. Le thérapeute a commencé par lui masser le bas du dos, puis a continué au niveau des fesses. La victime était mal à l’aise, mais ne disait rien. Edgar Tobon a alors passé alors sa main sous la culotte de la victime et s’est mis à lui masser l’anus avec ses jointures.

Encore aujourd’hui, Julie a peur d’être suivie et agressée dans la rue par Edgar Tobon. « Mon moral est détruit », confie-t-elle à la cour.

L’homme de 61 ans avait plaidé coupable à deux chefs d’accusation d’agression sexuelle en février 2021. Membre de l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec de 1993 à 2018, Edgar Tobon pratiquait au moment des faits à la Clinique de réadaptation Sacré-Cœur, à Mont-Saint-Hilaire. Il a depuis été radié pour six ans de son ordre professionnel.

Notons qu’Edgar Tobon a agressé sexuellement une enquêtrice du syndic de l’Ordre professionnel de la physiothérapie qui enquêtait justement sur des allégations d’agression sexuelle, selon une décision du conseil de discipline de l’Ordre de janvier 2019. Il n’a toutefois pas été accusé au criminel dans cette affaire.

Le juge Jean-Jacques Gagné, de la Cour du Québec, a entériné la suggestion commune des avocats mercredi. La procureure de la Couronne, MLouise Blais, a fait part au juge des nombreux facteurs atténuants dans cette affaire, notamment le « faible » risque de récidive de l’accusé, ses remords et sa reconnaissance de culpabilité. Edgar Tobon reconnaît d’ailleurs ses gestes et se dit prêt à s’investir dans une thérapie.

*Noms fictifs pour protéger l’identité des victimes