Jamais deux sans trois. Neuf ans après son premier procès, Adèle Sorella sera jugée une troisième fois pour le meurtre de ses filles, mortes dans des circonstances mystérieuses en 2009 à Laval. La Cour d’appel du Québec a infirmé lundi son verdict de culpabilité en raison du refus de la juge de considérer la thèse de l’implication du crime organisé dans les meurtres.

Au terme de son second procès en 2019, Adèle Sorella avait été reconnue coupable du meurtre au second degré de ses filles, puis condamnée à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 10 ans. Ce second procès était nécessaire à la suite de l’annulation de son premier procès pour des erreurs de droit, au terme duquel elle avait été reconnue coupable de meurtres prémédités.

La mort d’Amanda De Vito, 9 ans, et Sabrina De Vito, 8 ans, continue de mystifier, 13 ans plus tard. Les deux filles ont été retrouvées mortes dans la salle de jeu de la résidence familiale de Laval. Leur corps n’affichait aucune trace de violence. De plus, la cause de leur mort n’a jamais été déterminée avec certitude.

Selon la Couronne, Adèle Sorella a assassiné ses filles en les asphyxiant dans une chambre hyperbare, un appareil servant à traiter des problèmes de santé. Notons que la Lavalloise est connue pour avoir été la femme du mafieux Giuseppe De Vito, mort empoisonné au cyanure en prison en 2013.

Le rôle joué par De Vito au sein du crime organisé – il était une tête dirigeante – est d’ailleurs déterminant dans cette décision de la Cour d’appel. Ainsi, la juge Sophie Bourque de la Cour supérieure a commis une erreur en refusant à Adèle Sorella de plaider la thèse de l’implication du crime organisé dans le meurtre des jeunes victimes, estime le plus haut tribunal de la province.

« Le but de l’exercice n’est pas de savoir si le crime organisé a assassiné les deux jeunes filles, mais de décider s’il fallait permettre à la défense de soulever l’argument. La juge a été trop exigeante. Le lien entre le crime organisé et M. De Vito ainsi que la nature même du crime organisé suffisait pour rendre vraisemblable, et non uniquement spéculatif, l’argument proposé par l’appelante », conclut la Cour d’appel.

D’ailleurs, le soir des évènements, les policiers ont noté la présence de six hommes « d’origine italienne » près du cordon de sécurité des lieux du crime, explique la Cour.