Même s’il admet avoir pris sa douche et avoir dormi nu avec un jeune athlète il y a 40 ans, l’entraîneur de patinage artistique Richard Gauthier a nié jeudi avoir posé des gestes de nature sexuelle. S’il est resté nu, c’est seulement pour ne pas mettre « mal à l’aise » l’adolescent, s’est justifié l’accusé.

L’entraîneur à la carrière auréolée témoignait pour sa défense jeudi au palais de justice de Montréal. Richard Gauthier est accusé de grossière indécence, d’agression sexuelle et d’attentat à la pudeur à l’endroit de Clément*, un patineur qu’il entraînait tous les jours au début des années 1980 à Montréal. À l’époque, l’accusé était au début de la vingtaine.

Au procès, Clément a témoigné avoir vécu plusieurs incidents à caractère sexuel aux mains de son entraîneur, alors qu’il avait de 11 à 14 ans. D’abord, il a relaté s’être masturbé dans la piscine, alors que son entraîneur le regardait. Il a aussi raconté qu’il avait participé à un « rituel » de « bain-sauna » chez Richard Gauthier, puis qu’ils s’étaient ensuite lavés mutuellement sous la douche. « Il me lavait les jambes et passait par les fesses », a confié Clément, qui était le « chouchou » de son entraîneur.

Après la douche, Richard Gauthier s’est ensuite couché nu « en cuillère » auprès de lui, selon le récit du plaignant. « Il me disait : “Je t’aime, t’es comme mon petit frère.” Je sentais son sexe collé contre moi. Une fois, il se masturbait à côté de moi », a témoigné le plaignant, dont l’identité est protégée par la cour.

De grands pans de ce récit ont été corroborés par Richard Gauthier jeudi. Toutefois, selon lui, il ne s’est rien passé de particulier dans la piscine, outre que Clément a eu une « semi-érection », visible avec son « speedo ». « Je n’en ai pas fait de cas », relate l’accusé.

Dès leur sortie de la piscine de l’immeuble, Richard Gauthier démarre un « bain vapeur » dans sa « très petite salle de bain ». L’entraîneur et son élève sont alors nus avec une serviette cachant leur sexe. Puis Richard Gauthier voit « quelque chose » bouger sous la serviette du jeune athlète. « Je me sentais mal à l’aise », témoigne-t-il.

Mais ce malaise ne l’a pas empêché de prendre ensuite sa douche avec Clément. Dans un contre-interrogatoire serré, Richard Gauthier a admis s’être retrouvé dans le bain en même temps que son élève. Il jure toutefois n’avoir « jamais touché » au plaignant.

Après s’être lavé, Richard Gauthier se glisse dans son lit, encore nu. Il aperçoit Clément faire de même. « Mal à l’aise », il décide de rester nu pour ne pas susciter de malaise chez le garçon de 14 ans. Avant de s’endormir, Richard Gauthier et Clément cherchent l’origine d’un curieux bruit. L’entraîneur colle alors « son oreille sur le ventre » de Clément pour entendre ses « gargouillis », raconte-t-il.

En contre-interrogatoire, Richard Gauthier concède que Clément se serait « probablement laissé faire », s’il avait voulu poser des gestes sexuels. « On était nus dans le même lit. Oui, il aurait pu se passer quelque chose. Ça aurait été facile. J’aurais pu le toucher, avoir voulu, mais ça n’a jamais été mon intention », explique-t-il. Il n’a « jamais été attiré par les enfants », jure-t-il.

La colocataire de l’accusé à l’époque soutient avoir mis en garde son ami sur sa relation avec son athlète. « J’ai dit à Richard : “Fais attention, parce que Clément t’aime beaucoup.” Je voyais qu’il idolâtrait son coach », a témoigné Marie-Claude Chevrier.

La procureure de la Couronne MAmélie Rivard et l’avocat de la défense MGiuseppe Battista plaideront vendredi devant la juge Josée Bélanger.

* Prénom fictif