« La Défense voudra miner la crédibilité de l’agent civil d’infiltration, mais ce n’est pas son procès que l’on fait depuis deux mois, c’est celui de M. Scarfo ».

C’est notamment par ces mots que la procureure de la Poursuite, MMarie-Christine Godbout, a débuté ses plaidoiries mercredi après-midi, au procès devant jury de Dominico Scarfo.

Scarfo, 49 ans, est accusé d’avoir comploté et d’avoir participé aux meurtres prémédités des mafieux Lorenzo Giordano et Rocco Scollecito commis en 2016.

Les deux hommes ont été tués dans le cadre d’un conflit entre une section calabraise de la mafia montréalaise, dirigée par les frères Andrew et Salvatore Scoppa, et le clan des Siciliens.

Selon la théorie de la Poursuite, Scarfo est celui qui tenait l’arme avec laquelle Giordano a été tué.

Lors du meurtre de Sollecito, l’accusé aurait conduit une voiture devant celle de la victime, et aurait effectué un arrêt obligatoire durant plusieurs secondes pour permettre à un complice sorti d’un abribus d’abattre de plusieurs balles le mafieux assis au volant de son VUS de marque BMW.

Mais trois ans plus tard, ce complice a collaboré avec la police et a enregistré Scarfo à son insu, en l’amenant notamment à se confier sur ces deux assassinats.

Le jury a écouté ces enregistrements, mais aussi le témoignage parfois houleux de l’ancien tueur à gages dont l’identité est protégée.

Pas reposant, mais crédible

« Nous avons essayé de vous dresser le portrait le plus fidèle possible de l’agent civil. C’est un criminel de carrière qui a de lourds antécédents judiciaires ».

« Il n’a pas été un témoin facile et parfait, mais il n’a pas essayé de cacher des choses. Il a témoigné sans tabou. Son témoignage n’a pas été de tout repos, mais il a répondu à toutes les questions.

Il a certainement été parfois un témoin distrayant, mais soyez attentifs aux détails des histoires et aux corroborations qu’il vous a donnés », a dit MGodbout aux jurés.

La procureure a notamment égrainé un long chapelet d’informations données par l’agent civil durant son témoignage et corroborées par des témoins.

« L’agent civil a parlé de son ancienne conjointe, d’agressions sexuelles dont il a été victime et des récriminations qu’il entretient envers l’État et la Sûreté du Québec, mais ne trouvez-vous pas que sur les meurtres, son témoignage est cohérent et crédible ? N’est-il pas en mesure de vous donner des informations que très peu de personnes connaissent » ?, a lancé MGodbout aux jurés suspendus à ses lèvres.

La procureure a enfin fait réentendre au jury plusieurs extraits de conversations dans lesquelles l’accusé est impliqué, et qui démontrent, selon elle, son appartenance à la mafia, sa connaissance du milieu, et sa loyauté envers les Calabrais et Salvatore Scoppa.

Les plaidoiries, qui se font devant 13 jurés, se poursuivront jeudi matin. Les délibérations se feront toutefois avec un jury de 12 personnes puisqu’au moment d’annoncer la séquestration, le juge Michel Pennou de la Cour supérieure pigera le numéro d’un juré qui sera exclu des discussions menant au verdict.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.