Un jeune rappeur montréalais qui a exhibé une dizaine d’armes à feu avec ses complices dans un vidéoclip vu plus de 1 million de fois a reconnu sa culpabilité lundi. Mais ni le sérieux des accusations ni son incarcération dans la dernière année n’ont empêché Yahya Mouhime de se moquer de la justice.

« Au revoir, Monsieur le Juge ! », a claironné l’homme de 20 ans au visage juvénile, tout sourire, en quittant le box des accusés en ricanant. Une fanfaronnade qui a provoqué les rires de ses coaccusés en liberté dans la salle de cour du palais de justice de Montréal. Pourtant, ces crimes sont loin d’être rigolos, alors que Montréal observe une flambée de violence par armes à feu dans les dernières années.

Membre de gang d’allégeance rouge, Yahya Mouhime est mieux connu sous son nom d’artiste « VT ». Il est suivi par 27 000 personnes sous YouTube, où il fait la promotion d’un mode de vie criminel. Dans sa plus récente chanson, il dresse par exemple la liste des gens qu’il veut abattre.

Dans le vidéoclip Pause, on peut voir le rappeur à visage découvert chanter aux côtés de huit hommes cagoulés. Tous exhibent une, voire deux armes à feu de différents modèles. Malgré la prétention des auteurs de la vidéo, les armes à feu étaient authentiques. Quatre d’entre elles ont d’ailleurs été saisies par les policiers chez des trafiquants, et même sur une scène de fusillade, selon les faits présentés par le procureur de la Couronne, MJean-Philippe MacKay.

Policiers nargués

Devant le juge Pierre Dupras, Yahya Mouhime a reconnu avoir manipulé un pistolet Smith & Wesson de calibre .45 et un pistolet de type Glock format compact avec chargeur à haute capacité. Il a ainsi plaidé coupable à des accusations de possession de dispositif prohibé (un silencieux) et de possession d’arme à feu prohibée.

Le jeune homme avait nargué les policiers pendant des mois en 2020. Visé par un mandat d’arrêt dès juillet 2020, il avait continué de s’afficher avec des armes à feu dans ses clips pendant sa cavale. Il s’est finalement fait pincer en janvier 2021. Détenu depuis, il devrait recevoir sa peine en juin prochain.

Sous les masques

L’enquête policière a permis de découvrir l’identité de la plupart des hommes masqués dans le vidéoclip. Trois d’entre eux ont plaidé coupable lundi à diverses accusations liées à la possession d’armes à feu, soit Wiliam Tshidibumvu, 25 ans, Jemsley Printemps-Sanon, 24 ans, et Devon Vilmond Kylel, 21 ans.

Dans le vidéoclip, Wiliam Tshidibumvu manipule la glissière d’un pistolet semi-automatique pour éjecter rapidement les munitions du chargeur. L’homme de 25 ans a également plaidé coupable à plusieurs accusations dans d’autres dossiers de fraude. Il a ainsi reconnu avoir fait partie d’un réseau de vol d’identité.

Un coaccusé dans cette affaire, Jean Cesar, a pour sa part échoué à obtenir un arrêt du processus judiciaire. Ce dernier aurait été identifié grâce aux imposants bijoux qu’il portait dans le vidéoclip. Son procès doit avoir lieu prochainement. Le procès du dernier coaccusé, Dave Forestant, est toujours prévu la semaine prochaine.