Deux semaines avant de tuer le mafieux Rocco Sollecito en mai 2016 à Laval, les tueurs ont commencé à surveiller ses allées et venues et ont élaboré différents plans, avant d’opter pour un tireur caché dans un abribus près du condo de la victime.

C’est ce que l’individu qui a tué Sollecito, et qui est devenu trois ans plus tard agent civil d’infiltration (ACI) pour la police, a raconté lundi au procès de Dominico Scarfo.

Scarfo a depuis plusieurs semaines un procès devant jury pour avoir comploté et pour avoir tué Rocco Sollecito et un autre acteur influent de la mafia montréalaise, Lorenzo Giordano, également en 2016.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Dominico Scarfo

Selon la théorie de la poursuite, Scarfo est celui qui a tiré sur Giordano alors que dans le cas de Sollecito, il aurait conduit une voiture devant celle du mafieux et aurait effectué un arrêt obligatoire de quelques secondes, pour permettre au tireur de jaillir d’un abribus et de tirer à bout portant sur le lieutenant de la mafia, qui se trouvait seul dans son VUS.

Mais trois ans après les meurtres, l’homme qui a abattu Rocco Sollecito – et dont on ne peut révéler l’identité – a commencé à collaborer avec la police.

Il a renoué contact avec Scarfo en 2019, a reparlé des meurtres avec lui et l’a enregistré à son insu.

Le jury a écouté ces enregistrements il y a quelques semaines, et l’ancien tueur à gages témoigne depuis plusieurs jours sur ceux-ci et sur ses relations avec ses complices en 2016 et en 2019.

En ouvrier de la construction ou en postier

Contre-interrogé par l’avocat de Scarfo, MLuc Trempe, l’ancien tueur à gages a dit que lui et de présumés complices – Dominico Scarfo, un troisième individu dont on doit taire le nom et un quatrième surnommé Pacer – ont commencé à effectuer du repérage autour de l’immeuble de condos où habitait Rocco Sollecito, sur le boulevard Saint-Elzéar à Laval, deux semaines avant le meurtre commis le 27 mai 2016.

« Nous sommes allés à au moins deux reprises entre 8 h et 10 h. Nous restions dans nos voitures en raison de la présence de nombreuses caméras autour de l’immeuble. Dominic [Scarfo] était avec nous », a dit le témoin.

L’ex-tueur a aussi expliqué que ses complices avaient élaboré divers plans pour déjouer les caméras de surveillance, notamment se déguiser en travailleur de la construction, revêtu d’un dossard orange, ou en postier, mais que cela avait été écarté.

« Salvatore Scoppa s’impatientait. Le tireur dans l’abribus était le meilleur plan depuis le début », a affirmé l’ancien tueur.

Ce dernier a ajouté que ces opérations de repérage visaient également Mario Sollecito, et que celui-ci et Rocco Sollecito auraient pu être tués en même temps si les circonstances s’y étaient prêtées.

Quant au meurtre de Lorenzo Giordano, commis le 1er mars 2016, il est survenu alors que le tueur à gages était en prison, où il finissait de purger une peine.

Ce dernier a tout de même raconté que Scarfo lui a dit plus tard qu’il avait tué Giordano avec un revolver.

La semaine dernière, l’ex-tueur a déclaré aux jurés avoir assassiné deux autres personnes, les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, et ajouté qu’il ne voulait pas les tuer et que ces meurtres étaient « impardonnables », avant de fondre en larmes.

Au début de l’interrogatoire et du contre-interrogatoire, le témoin refusait de collaborer et s’est emporté à plusieurs reprises, mais il s’est ressaisi par la suite.

Le contre-interrogatoire du témoin par MTrempe a pris fin vers 11 h 30 lundi matin. Le procès reprendra mercredi matin.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.