Un entrepreneur a avoué mercredi devant le tribunal qu’il avait coordonné un système de collusion entre différents déneigeurs qui remportaient des contrats auprès d’Hydro-Québec, sous l’œil bienveillant d’un fonctionnaire de la société d’État qu’il couvrait de cadeaux.

Giuseppe Nuccio, dirigeant du Groupe Triforce, a plaidé coupable à deux chefs d’accusation de fraude et de fraude envers le gouvernement, devant la juge Lyne Décarie, au palais de justice de Montréal.

Selon un résumé des faits déposé en cour, M. Nuccio aurait coordonné les soumissions faites par divers entrepreneurs pour des contrats de déneigement d’installations d’Hydro-Québec, entre 2009 et 2012. Les montants des soumissions étaient fixés à l’avance pour truquer le processus, et M. Nuccio collectait des ristournes auprès des participants. Il aurait empoché un total de 400 000 $ de cette façon. Fait à noter, il dit avoir déclaré ces sommes au fisc.

M. Nuccio a reconnu qu’il entretenait une relation privilégiée avec un fonctionnaire d’Hydro-Québec responsable des contrats, Denis Hervieux. Selon le résumé déposé à la cour, M. Nuccio a offert à M. Hervieux des billets de hockey, des fins de semaine dans un condo de Mont-Tremblant, la location d’un mini-entrepôt pour entreposer un de ses véhicules ainsi qu’un barbecue de marque Weber. Il assurait aussi gratuitement le déneigement à la résidence du fonctionnaire et a fourni un emploi à la fille de ce dernier.

M. Hervieux avait été mis au courant de la collusion, mais n’est pas intervenu, selon le résumé présenté à la cour mercredi. L’ex-fonctionnaire a déjà été condamné à six mois de détention à purger à la maison dans ce dossier, en plus d’avoir à effectuer 80 heures de travaux communautaires et de se voir imposer une amende de 10 000 $.

Dénoncé par un ex-partenaire

C’est un ancien partenaire d’affaires qui a dénoncé M. Nuccio à l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Le corps policier l’a arrêté en 2019. Son avocat, MMarc Labelle, a expliqué à la cour mercredi que les conséquences pour son client avaient été « catastrophiques ».

« Lorsque les accusations ont été portées, c’est devenu impossible pour lui d’obtenir des contrats. Économiquement, il a frappé un mur », a expliqué l’avocat.

M. Nuccio, âgé de 63 ans et père de trois enfants, a perdu sa maison et son chalet. Sa femme a dû retourner sur le marché du travail. Lui-même, qui avait toujours été entrepreneur à son compte, se retrouve aujourd’hui simple employé dans une entreprise de déneigement.

La couronne et la défense se sont mises d’accord pour suggérer une peine de 18 mois à purger dans la collectivité, ainsi que 50 heures de travaux communautaires et le remboursement de 302 000 $ à la société d’État. La juge a accepté la recommandation des parties.