Louis-Vincent Bourcier, un ancien soldat d’élite de l’armée canadienne qui a servi en Afghanistan et qui a été condamné pour trafic de fentanyl, a convaincu les commissaires aux libérations conditionnelles de l’envoyer en maison de transition.

Bourcier, 37 ans, a été arrêté en 2017 à l’issue d’une méticuleuse enquête de la Division C de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) baptisée Crocodile.

Le trafiquant vendait d’importantes quantités de fentanyl – un opioïde 40 fois plus puissant que l’héroïne –, de carfentanil – une substance plus puissante que le fentanyl – et d’autres drogues sur le web clandestin, sous le pseudonyme de Pharmaphil.

Les transactions étaient réalisées en cryptomonnaie et la drogue était mise dans des enveloppes qui étaient ensuite déposées dans des boîtes aux lettres, en route vers le reste du Canada, les États-Unis et ailleurs dans le monde.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Photo de l'une des enveloppes présentée en cour

Les autorités ont été mises au courant du trafic lorsqu’une employée des postes a été gravement incommodée par une substance dans un centre de tri.

Remonter la filière

Les enquêteurs de l’Unité mixte d’enquête sur le crime organisé (UMÉCO) de la GRC à Montréal ont alors commencé à effectuer un travail de moine pour remonter la filière.

Ils ont surveillé pas moins de 80 boîtes aux lettres pour identifier celles utilisées par les trafiquants, retracer les enveloppes suspectes et suivre leur route.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Une partie des enveloppes contenant des substances saisies par les enquêteurs de la GRC.

Bourcier préparait la drogue dans sa résidence de la Rive-Sud de Montréal et les enquêteurs y ont envoyé un agent double qui s’est fait passer pour un sbire des groupes de motards criminels qui exigeaient une taxe sur ses activités.

Bourcier a ensuite été arrêté et condamné à 12 ans de pénitencier en janvier 2019.

Souvenirs d’Afghanistan

Devant les commissaires aux libérations conditionnelles, Louis-Vincent Bourcier a dit « ne pas vouloir commettre les mêmes erreurs et vouloir recommencer sa vie à zéro ».

L’homme a été dans l’armée canadienne durant dix ans et a fait deux séjours en Afghanistan, dont l’un d’une durée de cinq mois au cours duquel il a été exposé à des évènements « traumatisants », écrivent les commissaires.

À son retour, Bourcier a souffert d’un choc post-traumatique. Il a même demandé de l’aide lorsqu’il a appris que les Talibans avaient repris le pays, soulignent les commissaires dans leur décision de huit pages.

« Il leur paraît clair [à vos intervenants] que votre passage dans l’armée et, spécifiquement, votre mission en Afghanistan, ont laissé des traces quant à votre fonctionnement au quotidien, et que cet aspect demeure la pierre angulaire de la présente incarcération », affirment notamment les commissaires.

Ceux-ci soulignent que depuis le début de son incarcération, Bourcier a eu un comportement conformiste et irréprochable. Il a occupé un emploi au pénitencier et a lu 250 livres.

« En audience, vous avez ajouté que votre sentence vous a sauvé la vie, ne sachant pas jusqu’où vous vous seriez rendu dans vos activités criminelles et quels dommages auraient pu en découler pour vous et vos proches, n’eut été de votre arrestation », notent aussi les commissaires.

Louis-Vincent Bourcier n’a pas d’autres antécédents criminels.

Jugeant qu’une libération conditionnelle totale serait prématurée, les commissaires acceptent qu’il aille en maison de transition durant six mois.

Ils lui imposent toutefois plusieurs conditions : n’avoir aucun contact avec toute personne dont il sait qu’elle est impliquée dans des activités criminelles, divulguer toutes ses transactions financières à ses intervenants et posséder un seul appareil de communication dont les messageries devront être déverrouillées et l’historique des messages, conservé.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.