(Fargo) L’attention sera tournée lundi vers Minneapolis-St. Paul, au Minnesota, où comparaîtra l’homme accusé en lien avec la mort de quatre membres d’une même famille d’immigrés à la frontière canado-américaine.

Le groupe, qui comprenait un bébé et un adolescent, a été retrouvé sans vie mercredi près d’Emerson, au Manitoba, à quelques mètres de la frontière.

Steve Shand, âgé de 47 ans, comparaîtra par vidéo devant un juge du Minnesota pour déterminer s’il demeurera incarcéré. L’homme de Deltona, en Floride, n’est accusé que d’avoir transporté ou tenté de transporter des immigrés clandestins.

Selon un document judiciaire de la Floride datant de 2018, Shand, un citoyen naturalisé américain originaire de la Jamaïque, s’était placé sous la protection contre les créanciers, il y a plus de trois ans. Il disait disposer d’actifs valant 193 343 $ et d’une dette de 160 000 $.

Les enquêteurs croient que la mort des quatre personnes implique une grande opération de trafic humain, un phénomène beaucoup plus connu au sud des États-Unis qu’au nord.

Des documents judiciaires indiquent que deux autres sans papiers indiens attendaient dans une camionnette en compagnie de Shand au moment de son arrestation, mercredi. Un groupe de cinq autres candidats au passage vers les États-Unis ont été repérés au même moment.

« [Shand] a été aperçus en train de rouler sur un chemin de terre dans une zone rurale située loin de tout service, résidence ou point d’accès au Canada, peut-on lire dans les documents. Il conduisait malgré la poudrerie et les congères. Le temps était mauvais à ce moment-là, avec de grands vents, de la neige en poudrerie et des températures très froides (-34 C). »

Des preuves détaillées dans les documents laissent entendre que les personnes décédées n’étaient pas les premières à tenter la périlleuse randonnée. Deux fois en décembre, une autre fois en janvier, des patrouilleurs avaient découvert des empreintes de bottes dans la neige près de l’endroit où Shand a été arrêté.

Aux environs du 12 décembre et du 22 décembre, « deux groupes de quatre personnes semblent avoir franchi la frontière à pied avant d’être recueillis par quelqu’un dans un véhicule ».

Au cours du premier signalement, des agents de la GRC ont aussi trouvé un sac à dos dans un lieu au Manitoba qui pourrait être un point de chute.

L’experte des frontières Kathryn Bryk Friedman, professeure de droit à l’Université de Buffalo, considère la tragédie comme un signe troublant indiquant une hausse des passages clandestins aux endroits isolés de la frontière.

« Qui sait combien d’autres personnes ont franchi la frontière grâce à une aide organisée ?, a-t-elle demandé. Les contrebandiers sont intelligents. Ils travaillent toujours entre les lois pour faire plus d’argent et obtenir ce qu’ils veulent. »

Le ministère de la Sécurité intérieure des États-Unis a refusé de donner de plus amples renseignements au sujet de l’enquête, notamment si les victimes ou des survivants avaient été identifiés.

Pendant ce temps, des membres de l’association indienne du Manitoba poursuivent leurs efforts en vue d’identifier les victimes et de retracer des membres de leur famille. Rien n’a été dévoilé pour le moment.

« Ils attendent la procédure de la GRC, a déclaré un coordonnateur de l’association, Ramandeep Grewal. Il n’y a rien de nouveau pour l’instant. »