Reconnu coupable de trois outrages au tribunal, le leader antimasque Mario Roy devra faire 230 heures de travaux communautaires, payer 11 000 $ d’amende, et se voit interdit d’utiliser les réseaux sociaux pendant un an. Il devra cependant rester en prison pendant tout l’été en attente de son procès pour harcèlement criminel visant une avocate du Barreau.

Au terme d’une séquence laborieuse et parfois surréelle de comparutions devant trois différents juges mercredi, M. Roy n’a pas été en mesure de conclure d’entente avec le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) qui lui aurait permis de retrouver la liberté.

Devant la juge Éliane Perreault, il a « exigé » que son procès criminel pour harcèlement soit mené par le procureur de la Couronne Charles Doucet, qui avait annoncé un peu plus tôt qu’aucun règlement ne serait possible puisque M. Roy refusait d’enregistrer un plaidoyer de culpabilité.

« J’aimerais l’affronter dans un procès devant jury, a lancé M. Roy à la magistrate. Je vais demander [son] arrestation au terme du procès ».

« Je veux que ce soit lui qui soit le dindon de la farce dans le procès devant jury », a-t-il ajouté.

L’homme de 49 ans promet de déposer une « preuve immense » qui implique plusieurs avocats dans le cadre de ce procès à venir, dont les premières étapes sont prévues le 8 septembre prochain. D’ici là, M. Roy demeurera incarcéré à l’Établissement de détention de Montréal (Bordeaux), à moins qu’il arrive à contester son incarcération.

Plus tôt dans la journée, M. Roy est passé devant le juge André Vincent pour recevoir sa sentence pour trois outrages au tribunal dont il a été reconnu coupable pour avoir violé à maintes reprises une ordonnance de la cour lui interdisant de « faire ou prétendre faire » des actes réservés aux avocats alors qu’il n’en a pas les compétences.

Lorsqu’est venu le temps pour M. Roy de signer des documents convenant d’une sanction négociée de façon commune par son avocat avec le Barreau, M. Roy s’est braqué. « Je ne signe pas ça », a-t-il annoncé, affirmant qu’il comptait présenter un mémoire d’appel « percutant » qui changerait complètement la donne dans son dossier.

« Il y a cinq minutes, vous avez dit que vous vouliez tout régler ! », s’est étonné son avocat, MClemente Monterosso.

« Branchez-vous ! », s’est pour sa part esclaffé le juge André Vincent.

M. Roy s’est par la suite plaint d’avoir été « mal représenté » et « induit en erreur plusieurs fois » par son avocat lors de sa récente requête pour être libéré en attente de son procès. MMonterosso, visiblement excédé par l’attitude de son client, a indiqué qu’il souhaite cesser d’occuper dans le dossier.

« Live » depuis la prison

Fait étonnant, lundi et mardi soir, à partir d’un téléphone de la prison, M. Roy a participé à deux vidéos diffusées en direct sur Facebook par le militant antimasque André Desfossés, lors desquelles il s’est notamment attaqué à la Fondation pour la défense de droits et libertés du peuple.

Cette OSBL, qui attaque en justice les mesures sanitaires, lui a versé 5000 $ pour l’aider à défrayer ses honoraires d’avocat. M. Roy accuse maintenant cette fondation de lui devoir plus 30 000 $, et a promis de régler ses comptes avec ses représentants à sa sortie de prison. M. Roy a également menacé La Presse d’une poursuite de plus de 2 millions en diffamation.

« Je sais que vous aimez faire des “ p’tits [vidéos] lives ”, comme vous dites, mais ça ne vous donne rien de faire ce genre de chose », lui a dit le juge Vincent, soulignant à M. Roy qu’il risque de se faire envoyer « au trou » s’il ne respecte pas les règles carcérales.

Le réseau social Facebook a confirmé à La Presse avoir fermé les comptes d’André Desfossés, qui a relayé les appels de M. Roy provenant de la prison, pour violation de ses « standards de la communauté ». M. Desfossés, avec Mario Roy et quatre autres membres de l’organisation qui se fait appeler les Farfadaas, est accusé de complot et de méfait pour avoir bloqué le pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, en mars dernier, en marge d’une manifestation contre les mesures sanitaires.

Compte tenu du fait que M. Roy continue d’utiliser les réseaux sociaux pour rejoindre ses supporters à partir de la prison, le juge Vincent lui a officiellement interdit d’utiliser les réseaux sociaux pendant une période d’un an, démarrant dès maintenant plutôt qu’à sa sortie de prison.