Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) veut voir des preuves de la mort de l’éditeur Michel Brûlé avant d’y croire.

Au lendemain d’un accident de vélo qui aurait coûté la vie à l’éditeur montréalais sur une route du Brésil, la Couronne provinciale a indiqué mardi qu’elle attendait une confirmation officielle des autorités pour clore ses procédures contre lui.

M. Brûlé a été jugé coupable d’agression sexuelle en octobre dernier et était en attente de sa peine. Il aurait vraisemblablement pris le chemin de la prison. Il se trouvait au Brésil – où son frère Martin tient une auberge – depuis plusieurs mois.

Le caractère soudain de cet accident de vélo, l’imminence d’une incarcération et la personnalité extravagante de Michel Brûlé ont soulevé des doutes sur la véracité de sa mort.

Pour ajouter au mystère : dans les mois qui ont précédé sa mort, Michel Brûlé signait des courriels avec le nom « Michel Aldège », a pu confirmer La Presse. Et son profil Facebook porte le nom de « Michel Hay ».

Le DPCP a confirmé mardi que des démarches étaient en cours pour valider « certaines informations » dans le dossier de Michel Brûlé.

« D’une façon générale, lorsqu’un accusé décède pendant les procédures judiciaires, le DPCP obtient un document officiel qui en atteste et demande l’arrêt des procédures en raison du décès par la suite », a expliqué MAudrey Roy-Cloutier, porte-parole de l’organisme, sans vouloir commenter davantage ce dossier.

Les autorités brésiliennes convaincues

Mais Martin Brûlé, le frère de l’éditeur, n’entretient aucun doute. Mardi, il sortait de la morgue lorsque La Presse a pu lui parler.

« Je viens d’aller identifier mon frère », a-t-il dit, la voix brisée par l’émotion. « Je ne sais pas trop quoi vous dire d’autre. »

Cette identification constitue le socle sur lequel les autorités brésiliennes s’appuieront pour délivrer un certificat de décès au nom de Michel Brûlé, a expliqué Renata Uliana, du département de médecine légale de la Police civile de l’État d’Espírito Santo. C’est là que se trouve la dépouille. « Son nom est Michel Brûlé », a dit Mme Uliana en entrevue téléphonique.

Nous [en] avons la certitude. La famille – son frère – l’a reconnu.

Renata Uliana

Dans un courriel, le chargé de communication de l’organisation a indiqué que le corps avait été libéré mardi, mais que des échantillons ont été conservés.

Le service « a pris les empreintes digitales et un prélèvement d’ADN du corps », a indiqué par courriel Matheus Zardini. La police en a informé les diplomates canadiens au Brésil « au cas où la police canadienne est intéressée ».

Teo Miranda, journaliste qui a couvert l’accident de vélo pour le média Tempo Real, semble lui aussi plutôt convaincu de la véracité de la mort de Michel Brûlé.

« J’étais sur les lieux de l’accident. Il y avait la police, les pompiers. Un de ses frères et une belle-sœur accompagnaient l’enlèvement du corps. […] Les voisins voyaient toujours Michel marcher le long de la route », a-t-il dit. Michel Brûlé aurait perdu la maîtrise de son vélo avant de faire une sortie de route et de tomber dans un ravin.

En 2015, après la mort au Panamá de l’ex-haut fonctionnaire Arthur Porter, l’Unité permanente anticorruption (UPAC) avait envoyé une délégation d’agents vérifier de visu la mort de l’homme accusé de corruption. Rien de tel n’est prévu à ce stade dans le dossier de Michel Brûlé.

Sur les ondes du 98,5 FM mardi, l’avocat Charles Brochu, qui représentait Michel Brûlé dans son dossier d’agression sexuelle, a souligné que la peine qui attendait son client se situait probablement entre un mois et trois mois de détention, à purger les fins de semaine. Il a dit trouver peu probable qu’une personne essaye de disparaître pour éviter une peine si courte.

Avec la collaboration d’Isabelle Dubé, La Presse