Quatre officiers de haut rang du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) suspendus dans la foulée de la crise qui a secoué le deuxième corps de police en importance au Québec en 2017 ont, jusqu’à maintenant, déposé des poursuites civiles de près de 8 millions contre la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec.

La plus récente, une poursuite de 1,1 million, a été déposée jeudi par l’ancien directeur du SPVM Philippe Pichet, sa conjointe et leurs deux enfants contre le Procureur général du Québec.

Déjà, le directeur adjoint Bernard Lamothe, l’inspecteur-chef Costa Labos et l’inspecteur Imad Sawaya avaient déposé des poursuites respectives de 1,8 million, 2,5 millions et 2,5 millions contre la Ville de Montréal, qui sont toujours actives. D’autres poursuites contre la Ville de Montréal pourraient s’ajouter, nous a-t-on dit.

Des quatre, seul Philippe Pichet n’a pas fait l’objet d’allégations criminelles. Il a été destitué de son poste de directeur et rétrogradé au titre d’inspecteur-chef. Le SPVM lui a donné un mandat qu’il juge insuffisant et il travaille actuellement de la maison, sans pouvoir communiquer avec ses collègues.

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Bernard Lamothe

Bernard Lamothe a été blanchi au criminel et en discipline. Il a entamé des démarches devant les tribunaux pour être réintégré au SPVM dans une fonction digne de son grade. Il a récemment gagné sa cause devant la Cour du Québec, mais n’a pas encore reçu de proposition de la Ville. Il est actuellement payé à son plein salaire pour demeurer à sa résidence.

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Imad Sawaya

Imad Sawaya et Costa Labos ont été blanchis au criminel, mais leur dossier n’est pas clos en discipline. Ils sont actuellement payés à leur plein salaire pour rester à la maison.

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Costa Labos, en 2017

En janvier dernier, La Presse a révélé que la Ville de Montréal avait versé, en salaire et en avantages sociaux, plus de 550 000 $ à Philippe Pichet, alors qu’il était suspendu ou travaillait à la Ville de Fermont. Elle a aussi versé plus de 900 000 $, 600 000 $ et 540 000 $ respectivement à MM. Lamothe, Labos et Sawaya, depuis qu’ils sont suspendus et attendent leur sort à la maison, pour une somme totale de plus de 2,5 millions pour les quatre hommes.

Invectivé en public

Dans sa poursuite de 1,1 million déposée jeudi en Cour supérieure contre le Procureur général du Québec, Philippe Pichet expose, entre autres, les impacts de sa destitution sur sa vie, sur celles de ses proches et sur sa carrière.

« Encore aujourd’hui, le Demandeur est fréquemment apostrophé, voire invectivé lorsqu’il se retrouve en public, certains citoyens ayant même été jusqu’à avancer qu’il était corrompu, ce qui est encore plus dommageable pour un policier dont le travail nécessite le plus haut degré d’intégrité », écrit notamment l’avocat de Philippe Pichet, MDaniel Rochefort.

Selon ce dernier, depuis sa suspension, son client souffre notamment d’insécurité, d’une perte de confiance en soi, d’un état constant de méfiance et d’insomnie.

M. Pichet réclame, pour lui-même, 800 000 $ pour dommages moraux, dommages pour atteinte à la sauvegarde de sa dignité et de sa réputation et dommages punitifs. Sa femme réclame 180 000 $, son fils, 50 000 $, et sa fille, 60 000 $.

Il y a 10 jours, Philippe Pichet s’est adressé à la Cour du Québec pour forcer le directeur du SPVM, Sylvain Caron, et la Ville de Montréal à lui donner un mandat plus important que celui qu’il remplit actuellement.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.