Dix jours après s’être adressé au Tribunal pour forcer la Ville de Montréal à lui attribuer un poste digne de son grade, Philippe Pichet, ainsi que les membres de sa famille, ont déposé une poursuite de 1,1 million contre le gouvernement du Québec pour tous les dommages subis depuis la suspension de l’ancien chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à la fin de 2017.

Dans sa requête introductive d’instance de 36 pages déposée en chambre civile de la Cour supérieure contre le Procureur général du Québec, l’ex-directeur vise entre autres l’ancien ministre de la Sécurité publique du Québec Martin Coiteux, qui avait publiquement dit douter que M. Pichet était l’homme de la situation, au plus fort des allégations qui secouaient les affaires internes du SPVM en 2017.

« En raison des agissements injustifiés et illégaux du Défendeur, notamment par le comportement du ministre Coiteux lequel a condamné le Demandeur sur la place publique pour sauver les apparences du gouvernement, ainsi que pour soigner sa propre image, à des fins purement politiques et au mépris total des droits du Défendeur et de ceux de sa famille, celui-ci est désormais considéré comme un paria, et ceci a non seulement porté atteinte à ses perspective de carrière, mais l’a aussi déconsidéré, jusqu’à ce jour, aux yeux du grand public », écrit notamment l’avocat de Philippe Pichet, MDaniel Rochefort.

« Encore aujourd’hui, le Demandeur est fréquemment apostrophé, voire invectivé lorsqu’il se retrouve en public, certains citoyens ayant même été jusqu’à avancer qu’il était corrompu, ce qui est encore plus dommageable pour un policier dont le travail nécessite le plus haut degré d’intégrité », ajoute l’avocat, selon qui M. Pichet souffre depuis sa suspension d’un sentiment d’insécurité, d’irritabilité, d’impatience, d’une perte de confiance en soi, de fréquentes remises en question, d’un état constant de méfiance et d’insomnie.

En tant que dommages moraux, dommages pour atteinte à la sauvegarde de sa dignité et de sa réputation, et dommages punitifs, Philippe Pichet demande au gouvernement, pour lui-même, la somme de 800 000 $.

Sa femme, qui a notamment dû s’expatrier à Fermont pour suivre son mari qui y a occupé le poste de directeur général de la Ville, réclame pour sa part 180 000 $.

Son fils demande 50 000 $ et sa fille, qui étudie en technique policière, réclame 60 000 $. Dans la poursuite, il est notamment souligné que cette dernière ne pourra être assermentée par son père, « un moment qu’elle devait vivre avec fierté et qui, en raison des agissements du Défendeur, ne se matérialisera jamais ».

Il y a dix jours, Philippe Pichet, qui a actuellement le grade d’inspecteur-chef, s’est adressé à la Cour du Québec pour forcer le directeur du SPVM, Sylvain Caron, et la Ville de Montréal à lui donner un mandat plus important que celui qu’il remplit actuellement.

Philippe Pichet, qui dit avoir été « tabletté », travaille de chez lui sans avoir le droit de communiquer avec les employés du SPVM.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.