(Winnipeg) Le magnat canadien de la mode Peter Nygard, qui fait face à des accusations de trafic sexuel et d’escroquerie aux États-Unis, demande à la Cour suprême du Canada d’être libéré de prison en attendant la suite des procédures.

Peter Nygard a demandé au plus haut tribunal du pays, plus tôt ce mois-ci, l’autorisation de faire appel de la décision d’un tribunal du Manitoba, qui lui a refusé la libération sous caution. Il fait valoir l’incohérence dans la façon dont les tribunaux décident de l’incarcération dans les affaires d’extradition.

Peter Nygard a été arrêté à Winnipeg en décembre dernier, en vertu de la Loi sur l’extradition. Il fait face à neuf chefs d’accusation à New York. L’audience d’extradition au Canada est prévue pour novembre prochain.

Les autorités américaines accusent le Canadien de 79 ans d’avoir utilisé son influence dans l’industrie de la mode pour attirer sexuellement des femmes et des filles, avec la promesse d’un emploi de mannequin et d’autres avantages financiers.

Son avocat, Brian Greenspan, avait plaidé au tribunal que son client niait toutes les accusations et qu’il ne présentait aucun risque s’il devait être libéré.

Confiance du public

Sa libération sous caution avait été refusée une première fois en février dernier. La juge de première instance a alors évoqué des inquiétudes selon lesquelles Nygard contacterait des témoins s’il était libéré. Il a fait appel de cette décision et s’est de nouveau vu refuser sa libération, en mars.

Dans cette décision, la juge Jennifer Pfuetzner, de la Cour d’appel du Manitoba, avait conclu que la détention de M. Nygard était nécessaire pour maintenir la confiance du public dans l’administration de la justice, étant donné l’énormité des accusations qui pèsent contre lui aux États-Unis.

Dans sa requête en Cour suprême, M. Nygard soutient que les tribunaux accordent trop de crédibilité aux allégations non prouvées en ce qui concerne la remise en liberté sous caution lors d’une audience d’extradition. Ses avocats soutiennent que la défense n’a aucun moyen de contester l’exactitude ou la fiabilité de ces allégations.

Lors de l’audience en première instance, ses avocats avaient présenté un plan de libération sous caution qui comprenait la surveillance de tous ses courriels et textos, la présence d’un gardien de sécurité chez lui et une surveillance vidéo permanente.

Les procureurs fédéraux, de leur côté, ont fait valoir que M. Nygard avait les moyens financiers et le personnel requis pour l’aider à faire entrave à la justice.

Sous la contrainte

La demande d’extradition des États-Unis détaille les récits de sept victimes présumées qui devraient témoigner lors d’un procès criminel à New York.

Ces femmes affirment que leurs moyens de subsistance et leurs mouvements dépendaient des relations sexuelles qu’elles consentaient à M. Nygard. Elles soutiennent avoir été contraintes par des moyens financiers ou même physiquement.

M. Nygard fait également l’objet d’une action collective aux États-Unis impliquant 57 femmes, qui présentent des allégations similaires.

Peter Nygard avait fondé une petite entreprise de mode à Winnipeg en 1967. Cette société est passée d’une petite participation dans un fabricant de vêtements pour femmes à une marque vendue dans les magasins du monde entier.

Le magnat canadien a démissionné comme président de l’entreprise lorsque le FBI et la police de New York ont procédé à une perquisition dans ses bureaux en février 2020.