(Joliette) Benoit Cardinal, accusé du meurtre prémédité de sa conjointe, renonce à témoigner à son procès.

Les derniers témoins du ministère public ont été entendus mercredi au palais de justice de Joliette, dans le cadre du procès devant jury de Benoit Cardinal. Les avocats de la défense ont ensuite annoncé qu’ils ne présenteraient « pas de preuve ».

L’homme de 34 ans, accusé d’avoir tué la mère de leurs six enfants, a ainsi choisi de ne pas témoigner à son procès.

Un peu plus tôt dans la journée, deux anciens collègues de Benoit Cardinal, qui travaillaient aussi au Centre jeunesse de Laval, ont raconté les derniers échanges qu’ils ont eus avec l’accusé. La première n’a pas caché que pendant les semaines qui ont précédé le crime, Cardinal n’allait « pas bien ».

« Honnêtement dans l’état où il était là, dans la lourdeur et l’anxiété, je pensais qu’il allait mettre fin à ses jours », a témoigné celle dont une ordonnance de non-publication protège l’identité.

Rappelons que Benoit Cardinal a été suspendu du centre jeunesse le 26 décembre 2019.

D’après cette collègue, cette suspension a été très difficile pour l’accusé. À ce point qu’elle craignait qu’il se suicide. « Je prenais de ses nouvelles, parce que je m’inquiétais pour lui », a-t-elle dit aux membres du jury.

Après cette suspension, plus les jours passaient, plus elle sentait qu’il se « recroquevillait » et qu’il était « de plus en plus inquiétant ». Elle a aussi allégué que l’homme de 34 ans a passé une nuit à l’hôpital, « parce qu’il ne filait pas ». Elle lui aurait alors dit que c’était la bonne chose à faire, qu’il devait « aller chercher de l’aide ».

Le 10 janvier 2020, soit six jours avant le meurtre de Jaël Cantin dans son domicile à Mascouche, cette collègue a affirmé qu’il lui a dit : « soit que je retourne à l’hôpital ou soit que no way back [pas de retour] ».

« Je me disais que c’était donc une option qu’il se suicide », a-t-elle ajouté en sanglotant. Elle ne connaissait pas Jaël Cantin.

Après le crime, elle s’est entretenue à quelques reprises avec le détenu au téléphone. Il lui aurait avoué que sa suspension du Centre jeunesse de Laval avait été « la goutte qui a fait déborder la vase ».

Aurait-elle pu faire quelque chose pour l’aider ? Non, lui aurait confié l’accusé.

« Il était dans l’incompréhension »

Le deuxième collègue du Centre jeunesse de Laval qui a témoigné mercredi a indiqué qu’il avait vu Cardinal le 26 décembre 2019, le jour où ce dernier a appris qu’il était suspendu.

« Il était paniqué, apeuré et dans l’incompréhension », a affirmé le collègue, qu’une ordonnance de non-publication nous empêche également d’identifier.

« Ça va mal finir, je suis au bout du rouleau », aurait dit Cardinal lors de cette rencontre.

Le dernier témoin que la Couronne a présenté a été Frédérick Scheidler, un ami de la famille. Il a affirmé que la dernière fois qu’il avait vu Cardinal avant les tristes évènements, c’était le 11 janvier 2020. « Je ne l’avais jamais vu comme ça. Ce qui m’a frappé, c’était son visage. Il avait le visage extrêmement long, ça n’allait pas bien. Il m’avait expliqué qu’il avait des ennuis au travail. »

Les plaidoiries commenceront lundi prochain.