(Québec) L’homme qui s’est suicidé au cyanure en plein palais de justice de Québec en 2017 a commis un geste « tellement extraordinaire » que le comportement des constables spéciaux ce jour-là ne peut constituer une faute déontologique.

C’est ce que vient de conclure le comité de déontologie policière qui se penchait sur le rôle de deux constables et de leur sergent le 20 septembre 2017.

Ce jour-là, un homme de 52 ans a ingurgité une fiole de cyanure en pleine salle de cour. Nicolas Boudreau venait d’être condamné à six mois de prison pour possession de pornographie juvénile. L’ancien professeur de chimie au cégep de Limoilou est mort le lendemain.

Les constables spéciaux — chargés de maintenir l’ordre dans le palais de justice — avaient été avertis que l’homme pourrait tenter de se suicider. Mais ils étaient convaincus qu’il tenterait de « faire le grand saut ».

« Un phénomène connu »

Cette expression est consacrée au palais de justice de Québec, bâti autour d’un immense atrium bordé de balustrades.

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

L’atrium du palais de justice de Québec

« Le suicide par chute en hauteur au palais de justice est malheureusement un phénomène connu des constables spéciaux », écrit dans sa décision le commissaire à la déontologie policière. Un constable témoigne même « qu’au moins une personne par mois menace de se jeter dans le vide au palais ».

Mais l’agente de probation Mélanie Goode a raconté devant le comité de déontologie policière avoir averti les constables le matin du 20 septembre : M. Boudreau avait menacé de se suicider, il était chimiste et pourrait avoir un mélange avec lui.

Les constables du palais de justice de Québec n’ont pas compris la même chose. Ils ont raconté avoir été convaincus que l’homme pourrait « faire le grand saut ». L’audience avait lieu au quatrième étage. Ils ont indiqué avoir été pris par surprise lorsqu’il a ingéré une fiole de cyanure en salle d’audience.

Un geste « tellement extraordinaire »

Le comité de déontologie policière a cru la version de Mme Goode. Il reproche même aux constables spéciaux de ne pas avoir « saisi l’occasion d’amorcer une réflexion au sein de leur service à la suite de ce tragique évènement ».

Mais il conclut néanmoins que les constables n’ont pas eu une conduite dérogatoire. Le sergent « a pris des mesures compatibles avec ce qu’il a compris du risque […], mais le geste posé par monsieur Boudreau est tellement extraordinaire que le Comité ne peut conclure à une négligence de la nature d’une faute déontologique ».

Le président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec (SCSGQ) a salué cette décision. « Ils n’ont jamais soupçonné le cyanure. Dans leur tête, s’il y a une façon de se suicider au palais de justice de Québec, c’est bien en sautant », relève Franck Perales, président du SCSGQ.

Besoin d’aide pour vous ou un proche ?

• Ligne téléphonique de prévention du suicide : 1 866 APPELLE (1 866 277-3553)

• Ligne Info-Social du gouvernement du Québec (811)

• Site d’aide et de prévention (suicide.ca)

• Centre de prévention du suicide du Québec (cpsquebec.ca)

• Association québécoise de prévention du suicide (aqps.info)