Dans une lettre de suicide, un musicien confiait en détail comment il avait tué un des membres de son groupe. Même dans son interrogatoire à la police, après sa tentative de suicide, il a affirmé qu’il était bel et bien l’auteur du meurtre. Sauf que lundi, c’est une tout autre histoire qu’il a racontée aux membres du jury.

Raymond Henri Muller a témoigné à son procès pour meurtre lundi au palais de justice de Montréal. Contrairement à ce qu’il avait dit aux autorités dans le passé, il affirme maintenant qu’il n’a pas tué Cédric Gagnon, en juillet 2018.

« Mon plan était que je sois arrêté pour meurtre, que j’aille en prison et que ça se retrouve dans les journaux. Tout ça pour que Cédric soit retrouvé », a expliqué l’homme de 54 ans.

L’accusé, menotté aux pieds et aux mains, était à la barre des témoins pour raconter sa version des faits. Non, il n’a pas tué son ami, qui dormait régulièrement chez lui dans l’immeuble connu sous le nom de « Rock Hotel », rue Bernard.

Puisque Cédric Gagnon avait disparu au début du mois de juillet 2018, il aurait commencé à s’inquiéter et à le chercher en août 2018.

Pour tenter de le retrouver, il aurait notamment jeté des objets qui appartenaient à M. Gagnon dans différentes poubelles de Montréal. Pourquoi ? C’est un conseil que quelqu’un lui avait donné lorsqu’il résidait au Yukon. Si quelqu’un manque à l’appel, cette « cérémonie » peut aider à le trouver.

Il a aussi confié aux membres du jury qu’au moment des évènements, il s’était récemment séparé de sa femme. Elle avait choisi de quitter Montréal, avec leurs trois enfants, pour s’installer en Ontario.

Il a donc eu ce sentiment qu’il devait faire quelque chose de plus « gros et bon » pour retrouver Cédric Gagnon, notamment pour devenir un vrai « héros » auprès de ses proches. Une manière de redorer son image auprès des membres de sa famille, a-t-il laissé entendre.

L’idée de simuler le meurtre du membre de son collectif de musique Pirates ! lui est ainsi apparue. Cette nouvelle ferait sans doute les manchettes, et ainsi, la population serait au courant que Cédric Gagnon est porté disparu, a-t-il allégué. Avec de la chance, on finirait peut-être par le retrouver.

Avant l’été 2018, Muller avait été en prison pendant deux semaines, ce qui avait été une expérience beaucoup moins pénible qu’il le craignait de prime abord. Il a d’ailleurs indiqué que plusieurs détenus se sentent bien en prison, parce que c’est un endroit « contrôlé » où ils reçoivent entre autres de l’aide, de la nourriture et des « médicaments gratuits ». Bref, de se retrouver à nouveau en prison n’était pas un frein à son plan.

Le 31 août, il aurait donc simulé une tentative de suicide, en laissant une lettre où il avouait son prétendu crime. Son plan aurait fonctionné auprès des autorités, qui l’ont finalement arrêté. Même à l’hôpital, lorsque les policiers l’ont interrogé, il aurait poursuivi son mensonge en plaidant être bel et bien celui qui a tué son ami.

Rappelons que le corps de Cédric Gagnon n’a jamais été retrouvé. Dans sa lettre de suicide, Muller confiait alors qu’il avait tué son ami à coups de guitare, pendant que ce dernier dormait dans son appartement. Il disait avoir ensuite dépecé le corps et avoir jeté les morceaux dans différentes poubelles de Montréal.

Le procès se poursuit mardi.