La Sûreté du Québec a lancé lundi matin, dans la MRC Rimouski-Neigette, le projet pilote visant à tester l’utilisation de caméras portatives sur les policiers.

Une dizaine de policiers de la région porteront des caméras corporelles pour une durée de six mois, à l’image des autres MRC participantes. Les agents devront activer l’appareil de façon manuelle sur ce territoire.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, avait fait l’annonce de ce projet la semaine dernière. La sortie du rapport final est prévue pour l’hiver 2021-2022.

La MRC La Vallée-de-l’Or, en Abitibi-Témiscamingue, se joindra au projet pilote à partir du mois de juin. La MRC de Beauharnois-Salaberry, en Montérégie, suivra en août, puis la MRC de Drummond, au Centre-du-Québec, en octobre.

« On est assez dispersés sur le territoire pour voir les différentes réalités d’un peu partout », a précisé le lieutenant à la direction des services de proximité aux communautés à la SQ, Martin Dupont.

Les policiers de chacune des régions sélectionnées seront appelés à filmer des types d’intervention différents. La MRC de Drummond se distingue des autres territoires puisque les caméras fournies aux policiers permettront de diffuser des images en direct.

Les agents de la paix d’Abitibi-Témiscamingue, quant à eux, pourront déclencher leur caméra de façon manuelle, mais l’appareil se mettra automatiquement en marche lorsqu’un policier sortira une arme de service son étui, ou un pistolet à impulsion électrique.

La SQ et le ministère de la Sécurité publique du Québec espèrent que ce projet permettra à la population d’avoir davantage confiance en la police. « Les citoyens considèrent que les caméras portatives apporteraient une transparence et une amélioration des comportements chez les services policiers », a déclaré le directeur général adjoint aux activités et à l’organisation policière au sein du ministère de la Sécurité publique, Jimmy Potvin.

Ce projet pilote prend place dans un contexte ou des actes de brutalités policières ont été dénoncés par plusieurs groupes d’individus. Une manifestation a notamment eu lieu dimanche au parc Jarry pour décrier une arrestation musclée d’une femme trans et noire à la station de métro Jean-Talon. Garantir les droits des citoyens et la sécurité des policiers font également partie des objectifs de cette opération.

« Les projets pilotes qui ont été menés au Canada montrent qu’il y a eu peu d’effets tangibles, autant positifs que négatifs, sur tout incident qui entraînerait l’emploi de la force d’un policier », a lancé Jimmy Potvin.

Il précise que le ministère de la Sécurité publique et la SQ vont tout de même de l’avant avec le projet dans le but de répondre à la volonté citoyenne, mais aussi afin de valider l’impact des caméras portatives dans un « modèle québécois ».

Un projet semblable a d’ailleurs déjà été mis en place à Montréal de mai 2016 à avril 2017 au sein du SPVM, qui n’avait pas été concluant. Le corps policier avait énoncé dans son rapport que le « projet n’a pas permis de démontrer sans équivoque que les caméras portatives favorisent la transparence des interventions policières, consolident le lien de confiance entre le policier et le citoyen et assurent la sécurité des policiers ». Le document indiquait également que l’usage de cette technologie « pourrait augmenter considérablement les coûts d’exploitation du SPVM ».

Le ministère déclare qu’il est trop tôt pour déterminer le coût de la potentielle implantation de caméras corporelles chez les policiers au Québec. Cependant, l’instauration de cette technologie au sein de la Gendarmerie royale du Canada représente un montant de 238,5 millions de dollars sur six ans au gouvernement fédéral.