(Ottawa) L’ancien juge Jacques Delisle, qui avait été condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme en 2012, aura droit à un nouveau procès. Une audience sur la libération de l’homme âgé de 85 ans se tiendra vendredi matin, selon son avocat.

Le ministre de la Justice du Canada, David Lametti, a annoncé mercredi qu’il en était venu à cette décision à l’issue d’un examen approfondi du dossier de l’ex-magistrat. Il y a découvert des « motifs raisonnables de conclure qu’une erreur judiciaire s’est probablement produite », selon un communiqué de son cabinet.

La décision « découle de la découverte de nouveaux renseignements qui n’étaient pas devant les tribunaux au moment du procès de M. Delisle et de l’appel », mais elle « ne constitue pas un verdict de culpabilité ou d’innocence à l’égard du demandeur », poursuit-on dans la même déclaration.

En revanche, cela fait en sorte que l’affaire est renvoyée devant la Cour supérieure du Québec pour la tenue d’un nouveau procès.

L’ancien juge a été reconnu coupable en 2012 du meurtre prémédité de sa femme, Marie Nicole Rainville, et condamné à l’emprisonnement à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. En 2013, ses appels avaient été successivement rejetés par la Cour d’appel du Québec et par la Cour suprême du Canada.

« Favoriser un système de justice pénale juste et impartial qui respecte les besoins des victimes tout en évitant d’éventuelles erreurs judiciaires est capital pour accroître la confiance des Canadiens et Canadiennes dans notre système de justice », a déclaré le ministre Lametti par voie de communiqué.

L’ancien juge était âgé de 77 ans lorsqu’il a été déclaré coupable du meurtre de sa femme, qui a été retrouvée morte d’une balle à la tête en 2009. Il a toujours nié l’avoir tuée, mais en 2015, dans une entrevue accordée à Radio-Canada alors qu’il se trouvait sous les verrous, il a admis qu’il avait aidé sa femme à se suicider.

La tenue d’un nouveau procès est ordonnée conformément aux dispositions du Code criminel sur la révision des condamnations prévoyant qu’une personne qui a été condamnée pour une infraction et qui a épuisé tous ses droits d’appel peut demander au ministre de la Justice de réviser sa condamnation.

C’est l’avocat torontois James Lockyer, un spécialiste des causes d’erreurs judiciaires, qui a mené le combat. Il a appris sa victoire jeudi dernier, et il en a aussitôt informé son client. « Il a l’accueilli doucement, avec un certain soulagement et un choc, je dirais », a relaté l’avocat en entrevue.

Une audience sur la libération de Jacques Delisle aura lieu vendredi matin en Cour supérieure du Québec, a spécifié MLockyer. Les erreurs judiciaires relevées par l’avocat touchent l’autopsie réalisée sur le corps de la victime ainsi que la preuve balistique.