Les plaisanciers de la marina de Lachine viennent d’abandonner leur poursuite contre la Ville de Montréal. Si celle-ci se réjouit de pouvoir tourner la page, les principaux intéressés, eux, promettent qu’ils n’abandonneront pas le combat pour autant.

« Notre désistement a été fait avec beaucoup de tristesse. C’est vraiment la contestation acharnée de la Ville sur tous nos arguments qui nous y a forcés. On a épuisé toutes nos ressources, en temps et en argent. C’était David contre Goliath », s’est désolée la porte-parole de l’Association des plaisanciers du port de plaisance de Lachine, Josée Côté, en entrevue avec La Presse.

En juillet, la Ville de Montréal avait annoncé que le port de plaisance de Lachine, dont elle est propriétaire, en serait à sa dernière année. L’intention de la Ville est de transformer l’espace en un « nouveau parc sur les eaux du lac Saint-Louis », avec des investissements substantiels de 25 millions pour des travaux qui devraient se poursuivre jusqu’en 2025, dans l’objectif de « rendre les berges accessibles à tous ».

Convaincus que la marina devrait poursuivre ses activités et qu’elle est un « fleuron de rayonnement pour le nautisme », les plaisanciers avaient déposé une demande d’injonction contre la Ville devant la Cour supérieure en octobre. On y plaidait notamment que l’annonce « surprise » de l’administration, survenue en pleine pandémie, constituait un « abus de droit vu son délai déraisonnable ».

Tout ça ne met pas pour autant un terme à nos combats. On va prendre un virage politique, avoir une forte mobilisation pour faire entendre notre voix. Ça n’avait pas été un enjeu électoral jusqu’ici. Maintenant, on souhaite que ça en devienne un.

Josée Côté, porte-parole des plaisanciers

Québec et Ottawa s’expliquent

Dans une lettre envoyée au Service des affaires juridiques de la Ville vendredi dernier, dont La Presse a obtenu copie, les avocats du Procureur général du Québec affirment que pour le ministère de la Justice, le bail du lot en question « n’exige pas d’assurer la présence d’une marina ou d’installations en permettant l’exploitation ». « Même si le bail n’avait pas atteint son échéance, il n’empêcherait d’aucune façon la Ville de retirer ces installations », insiste-t-on, soulignant que le gouvernement appuie la Ville dans ses démarches de « déclaration d’abus de procédure ».

Au fédéral, l’avocat du ministère de la Justice, Antoine Lippé, affirme pour sa part, dans une lettre datée de mardi, que la Ville de Montréal n’a pas à obtenir l’approbation de Transports Canada « avant de prendre sa décision », mais plutôt « avant d’entreprendre des travaux dans les eaux navigables ». Il confirme ainsi que la Ville n’est pas dans l’illégalité, pour autant qu’elle fasse une demande le moment venu.

Cela fait dire à la mairesse de l’arrondissement de Lachine, Maja Vodanovic, que « la solidité de l’argumentaire [de la Ville] a été validée par les procureurs généraux du Québec et du Canada ». « Je suis heureuse que l’honneur de tous ceux et de toutes celles qui ont travaillé sur ce dossier ait été rétabli. Nous avons hâte de travailler, maintenant, sur les usages transitoires et la planification de ce site exceptionnel qui nous appartient à tous », a-t-elle réagi dans un communiqué.

Josée Côté, elle, réplique que la Ville a « manqué de respect » aux plaisanciers depuis le début dans cette affaire. « Cette marina dégage un surplus d’exploitation année après année, et n’est pas aux frais des contribuables, contrairement à ce qu’a laissé entendre l’administration. Ils nous ont fait passer pour des bandits, des voleurs », fustige la Montréalaise.

Des consultations publiques « sur la vision finale du parc » débuteront dans les prochaines semaines.