Incarcéré depuis une semaine à l’Établissement de détention de Montréal, le leader antimasque Mario Roy a finalement pris un avocat et se dit prêt à « enterrer la hache de guerre » avec le Barreau. La justice n’est cependant pas prête à le laisser sortir sans, au minimum, lui faire subir une évaluation psychiatrique.

M. Roy devait recevoir mercredi sa peine pour trois chefs d’outrage au tribunal dont il a été reconnu coupable pour non-respect d’une ordonnance de la Cour supérieure lui interdisant d’exercer la profession d’avocat, parce qu’il n’en a pas les compétences. Il comparaissait aussi le même jour pour que soit fixée la date de son procès devant jury dans deux causes de harcèlement criminel et d’intimidation visant l’avocate du Barreau du Québec qui a mené le dossier d’enquête pour exercice illégal de la profession d’avocat visant M. Roy.

Mercredi matin, contre toute attente, Mario Roy a annoncé qu’il serait désormais représenté par un avocat, MClemente Monterosso. « Mon client semble bien disposé à enterrer la hache de guerre et il est prêt à collaborer pour respecter les ordonnances », a annoncé ce dernier en matinée, devant la juge Éliane Perreault.

« M. Roy est responsable d’un verger et pourrait subir des pertes financières importantes s’il demeure détenu », a-t-il ajouté, affirmant qu’il comptait faire appel d’un jugement ordonnant l’incarcération de M. Roy jusqu’à la fin de son procès pour harcèlement et intimidation.

Après discussion avec les avocats du Barreau et de la Couronne, MMonterosso a demandé au juge André Vincent, en début d’après-midi, de regrouper toutes les accusations auxquelles M. Roy fait face en une seule et unique poursuite.

« Une bonne semaine de réflexion »

« L’emprisonnement a été très, très dissuasif pour M. Roy. Il veut mettre fin à cette saga », a-t-il affirmé.

« J’ai eu une bonne semaine de réflexion. Je ne peux pas sauver tout le monde avant de me sauver moi-même », a alors renchéri M. Roy, en visioconférence depuis l’Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux).

Je travaille sur un projet de cidrerie, c’est mon rêve sur lequel je travaille depuis 2011. Je dois mettre en branle ce qu’il faut pour cesser ma saga avec le Barreau du Québec.

Mario Roy

Les avocats du Barreau et une procureure de la Couronne n’ont pas écarté la possibilité de négocier une entente pour régler le dossier, mais n’entendent pas permettre à M. Roy d’être libéré dans l’attente de son procès sans que lui soient imposées des conditions minimales.

« Nous voulons voir des actions concrètes », a prévenu l’avocat du Barreau.

Évaluation psychiatrique comme condition

La procureure de la Couronne Sylvie Lemieux a pour sa part affirmé qu’une évaluation psychiatrique de M. Roy, une reconnaissance de culpabilité et un rapport présentenciel seraient des conditions minimales à respecter pour qu’il puisse être libéré. « Quand on aura tous ces éléments, nous pourrons évaluer quelle peine pourrait être appropriée pour M. Roy », a-t-elle expliqué.

Il est peu probable que M. Roy soit libéré avant plusieurs semaines. La prochaine date d’audience a été fixée au 26 mai.

L’homme de 49 ans, très actif dans le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires, a été arrêté par le Service de police de la Ville de Montréal alors qu’il venait tout juste d’être libéré avec promesse de comparaître par la Sûreté du Québec pour sa participation présumée au blocage du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, à la mi-mars.