(Joliette) Deux témoignages percutants ont été entendus au procès de Benoit Cardinal, accusé d’avoir tué Jaël Cantin. Une mineure a raconté la dispute qu’elle aurait entendue entre les deux adultes, peu de temps avant le crime. Une jeune femme a quant à elle affirmé que le suspect lui avait confié, la veille du meurtre, qu’il allait tuer sa femme.

« Je ne suis plus capable d’elle, je suis tanné d’elle, elle ne fait rien dans la maison, c’est une crisse de folle », aurait notamment dit Cardinal à une jeune femme avec qui il avait développé un lien étroit dans les semaines qui ont précédé le meurtre.

Alors qu’il était éducateur au Centre jeunesse de Laval, Cardinal a rencontré cette jeune adulte qu’une ordonnance de non-publication nous empêche d’identifier. Elle a raconté à un policier, quelques semaines après le meurtre de Mme Cantin, que Cardinal lui aurait confié le crime qu’il voulait commettre. « Je vais la tuer. Je vais la faire souffrir. Elle m’a tellement fait souffrir, je vais la faire souffrir moi aussi », a témoigné la jeune femme en février 2020. La vidéo de son témoignage a été visionnée par les membres du jury lundi au palais de justice de Joliette.

Il lui aurait expliqué, le 15 janvier 2020, soit la veille du meurtre, ses plans pour commettre le geste irréparable. Il lui aurait notamment dit qu’il allait « faire en sorte de glisser dans les escaliers et la pousser en même temps en bas ». Il aurait aussi indiqué qu’il allait maquiller le crime en suicide ou en faisant croire qu’il y avait eu un braquage à domicile.

Toujours dans le cadre de ce témoignage, elle a affirmé que lorsqu’elle était au Centre jeunesse de Laval, elle avait « développé de quoi » pour Cardinal. Elle l’a d’ailleurs rapidement contacté lorsqu’elle s’est enfuie du centre, le 9 janvier 2020. Ce même jour, il l’aurait notamment emmenée dans sa résidence pour qu’elle puisse manger et se laver, alors que Mme Cantin était à l’extérieur de la maison. La jeune femme aurait également dormi dans la voiture de Cardinal, clandestinement, sans que les membres de la famille le remarquent.

« Elle était en petit bonhomme et elle se faisait massacrer »

Une troisième mineure, qui était dans la résidence de Mascouche au moment des évènements, a aussi témoigné lundi. Encore ici, les membres du jury ont d’abord visionné la vidéo du témoignage qu’elle a livré à un policier quelques heures après les évènements, le 16 janvier 2020.

Elle a raconté qu’elle avait été réveillée, un peu avant 3 h du matin, par une dispute entre les deux adultes. Jaël Cantin était fâchée contre son conjoint, parce qu’elle pensait qu’il avait tenté de la pousser dans l’escalier, a raconté la mineure au policier. Mais le suspect aurait alors expliqué à sa conjointe qu’il s’agissait d’un accident, puisqu’il avait « trébuché » dans les marches. Mme Cantin l’aurait cru et se serait calmée, a ajouté l’enfant.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE JAËL CANTIN

Jaël Cantin

Peu de temps après, cette mineure a entendu la femme de 33 ans crier à l’aide. Sans attendre, elle est sortie du lit où elle se trouvait et a descendu « vite, vite, vite » les marches pour se rendre devant la chambre à coucher principale. Lorsqu’elle a ouvert leur porte, elle a constaté qu’il y avait trois personnes dans la chambre. Cardinal lui aurait alors demandé de ne pas rester là et de fermer la porte. À un autre moment pendant les évènements tragiques, elle a tout de même ouvert à nouveau la porte pour voir ce qui se passait.

Dans quel état a-t-elle vu Mme Cantin ? « Elle était en petit bonhomme et elle se faisait massacrer », a confié la mineure au policier. D’après elle, le criminel était une troisième personne, aussi présente dans cette chambre.

À propos de cette troisième personne, il y a eu plusieurs imprécisions dans son témoignage. Au début, par exemple, elle croyait que c’était une femme. Ensuite, un homme. Elle ne pouvait le décrire avec précision. Un inconnu dans la trentaine avec peut-être « une couette », a-t-elle aussi dit à un moment.

La mineure a rectifié le tir dans son témoignage livré lundi par visioconférence. « Je ne suis pas certaine d’avoir vu une troisième personne », a-t-elle dit aux membres de jury.

Le témoignage de la jeune femme qui a rencontré le suspect au Centre jeunesse de Laval se poursuivra ce mardi.