Un juge de la Cour du Québec a cité la vague récente de féminicides, la hausse des cas de violence conjugale ainsi que la nécessité d’envoyer un signal clair de dénonciation quand il a imposé une peine sévère de neuf ans de prison vendredi à un homme qui avait envoyé des fiers à bras brutaliser son ancienne conjointe.

Jean-Sébastien Cormier avait été trouvé coupable d’avoir envoyé de faux livreurs de pizza pour s’emparer de son ex-conjointe et la séquestrer, en 2019. La femme, dont l’identité est protégée par une ordonnance de non-publication, avait été rudoyée, mais avait réussi à fuir ses assaillants. Les policiers du SPVM avaient ensuite découvert que Cormier avait manifesté son intention de tuer son ex-amie de cœur et qu’il s’était procuré un fusil d’assaut AR-15.

Dans son jugement rendu vendredi, le juge Érick Vanchestein compare les actes de l’accusé à du « terrorisme ». Il souligne que les gestes reprochés à Cormier recoupent deux sujets très présents dans l’actualité.

« Le présent dossier traite de deux préoccupations actuelles majeures des citoyens, soit la recrudescence de la violence conjugale et la possession d’arme prohibée », dit-il.

« L’actualité récente fait ressortir les inquiétudes grandissantes des citoyens relativement à la prolifération des armes à feu illégales », observe le magistrat.

« Par ailleurs, l’augmentation des cas de violence conjugale depuis la dernière année, et une série de meurtres de femmes depuis le début de l’année 2021 démontre l’importance de cet enjeu social », ajoute le juge, estimant que « la présente affaire commande d’accorder une attention particulière aux objectifs de dénonciation et de dissuasion ».

Cormier avait été en couple moins d’un an avec la victime. Leur relation était difficile, marquée par des crises, selon la preuve.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Le fusil d'assaut AR-15 payé 5 000 $ par Jean-Sébastien Cormier

« Dépourvue »

Le procureur de la Couronne, MPhilippe Vallières-Roland, avait mis en preuve un témoignage bouleversant de la victime qui racontait les conséquences de l’agression sur sa vie. La femme avait résidé temporairement dans un centre d’hébergement pour femmes violentées. Elle avait dû arrêter de travailler, souffrait de cauchemars, regardait constamment par-dessus son épaule, était agitée de tremblements incontrôlables.

« Je n’avais plus de chez-moi. J’étais dépourvue de tout ce que j’avais, que j’aimais et qui me représentait », avait-elle expliqué.

Aucune peine ne pourra totalement réparer les torts causés par l’accusé.

Le juge Érick Vanchestein, de la Cour du Québec

L’accusé avait reçu un diagnostic de « symptômes dépressifs chroniques sans élément psychotique », mais rien dans son état mental n’affectait sa responsabilité criminelle, selon la cour.

Le juge a donc imposé une peine de neuf ans de pénitencier à Cormier. De cette peine ont été déduits 27 mois de détention provisoire depuis son arrestation, de même que 6 mois supplémentaires, étant donné les conditions pénibles en prison créées par la COVID-19. Il lui reste un peu plus de six ans à purger à partir de maintenant.