(Joliette) Lorsqu’au milieu de la nuit une bagarre a éclaté dans la résidence de Jaël Cantin et Benoit Cardinal, des mineurs qui s’y trouvaient ont entendu la femme de 33 ans crier au secours. « On entendait paf, paf. On se disait que c’était de gros coups de poing », a témoigné l’un d’eux.

Le procès devant jury de Benoit Cardinal, accusé du meurtre au premier degré de sa conjointe, s’est poursuivi vendredi au palais de justice de Joliette avec le témoignage de deux jeunes qui étaient présents dans la résidence au moment du meurtre de Jaël Cantin, le 16 janvier 2020.

La vidéo du témoignage qu’un enfant a livré aux autorités policières quelques heures après la mort de la technicienne en éducation spécialisée a été visionnée par les membres du jury. Cet enfant, dont la loi nous oblige à taire le nom puisqu’il est mineur, a raconté dans ses mots la dispute entre M. Cardinal et Mme Cantin qui l’a tenu éveillé une partie de la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il les entendait se disputer. « Plusieurs fois », il dit avoir été témoin d’une querelle entre eux. Dans les heures qui ont précédé la mort de la victime, il l’a notamment entendue crier à M. Cardinal : « Tu aurais pu me tuer. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Cardinal en janvier 2020

À un autre moment au cours de cette nuit, plus précisément lorsqu’il a entendu Jaël Cantin crier à l’aide, il a décidé d’aller se réfugier dans une autre pièce où d’autres enfants se trouvaient. Plusieurs pleuraient et grelottaient, a-t-il confié. « J’étais ben trop stressé ! J’ai essayé d’aller à la toilette, mais je n’ai pas réussi à me rendre. Mes bobettes étaient toutes mouillées de pipi. »

Il a expliqué qu’il avait essayé, avec les autres jeunes, de penser à des « choses très positives », et ce, malgré les bruits de la bagarre. « Les boums étaient forts. »

Toujours dans son témoignage livré le jour du meurtre à un enquêteur, il a raconté qu’il croyait que le crime avait été commis par une personne qui n’était pas dans la résidence pendant la nuit et qui se serait ensuite enfuie. Mais, outre M. Cardinal et Mme Cantin, il n’a pas vu ou entendu un autre adulte lors des évènements.

Un témoignage similaire a été entendu vendredi après-midi, de la part d’une autre mineure qui était présente dans la résidence lors des évènements. Elle a raconté qu’elle s’était réveillée abruptement lorsqu’elle a entendu des cris qu’elle attribue, sans l’ombre d’un doute, à Jaël Cantin.

En pleurs et avec entre les mains une boule antistress pour se calmer, elle était dans la même pièce que le précédent témoin pendant pratiquement toute la bagarre. Cette bataille se passait dans la chambre du couple, a-t-elle précisé. « On entendait tout le temps des boums. Mais on n’entendait personne crier, sauf au début. »

À un moment, alors qu’une porte s’est ouverte, elle a vu Benoit Cardinal, sans marques ni sang. Ce dernier leur aurait dit de ne pas rester là et il aurait fermé la porte. Ce n’est qu’un peu plus tard, lorsqu’elle est ressortie de la pièce, qu’elle l’a vu étendu sur le sol près de la chambre à coucher du couple, couvert de sang au visage. « Sa face était complètement pleine de sang. Ce n’était pas beige, c’était rouge. »

« Le meurtrier, à ce moment-là, il était parti », a-t-elle dit à l’enquêteur, quelques heures après le drame. C’est Benoit Cardinal qui leur avait confirmé que le meurtrier était parti, a-t-elle ajouté. Elle non plus n’a pas entendu ou vu un autre adulte, hormis le couple.

À la demande du suspect, les mineurs sont ensuite sortis de la résidence pour aller sonner chez Gaétan Cantin, le père de Jaël, qui a été le premier témoin entendu dans ce procès, la veille.

En contre-interrogatoire, par visioconférence puisqu’elle témoignait d’une pièce située près de la salle d’audience, cette mineure a notamment été questionnée sur un objet qui aurait été trouvé sur le lieu du crime. Elle n’avait jamais vu la bague dont l’avocat de la défense lui a montré une photo. Elle a aussi affirmé avoir vu cette nuit-là des souliers qu’elle n’avait jamais vus précédemment.

Le procès se poursuivra lundi prochain.