Coups de feu, incendie, saisie par des huissiers : alors que le caïd Raynald Desjardins se prépare à sortir du pénitencier, l’avocat fiscaliste qui a géré une partie de ses investissements en son absence se retrouve sous forte pression, a appris La Presse.

Raynald Desjardins est incarcéré pour sa participation au complot pour le meurtre de Salvatore Montagna, aspirant parrain de la mafia tué à Charlemagne en 2011. Sa peine était de 14 ans, mais il doit normalement sortir aux deux tiers de sa peine, à la fin du mois d’avril.

Des sources ont confié à La Presse que la sortie prochaine du caïd fait jaser au sein des milieux criminels et policiers. Raynald Desjardins était un poids lourd du crime organisé, proche de la mafia et des motards. Il s’est retrouvé derrière les barreaux alors qu’une lutte de pouvoir sanglante déchirait la mafia.

M. Desjardins et sa conjointe, Vicky Roy, détiennent de nombreux investissements, notamment dans l’immobilier et le prêt d’argent.

En 2018, une entreprise de Mme Roy a prêté 70 000 $ à MMaximilien Briand, avocat fiscaliste de leur connaissance, afin qu’il puisse acheter l’ancienne maison de Raynald Desjardins à Laval.

Maximilien Briand a d’ailleurs déjà été administrateur d’une société à numéro appartenant à Mme Roy et M. Desjardins. Il a dit à La Presse qu’il était l’avocat de ce dernier et qu’il s’occupait de ses affaires.

Deux hommes dans la nuit

Mais l’année dernière, Mme Roy a commencé à se plaindre que l’avocat ne remboursait pas son prêt. Dans une poursuite déposée en Cour du Québec, elle explique qu’une série d’évènements l’ont fait sourciller.

Dans la nuit du 5 mai 2020, le véhicule de l’avocat a pris feu. Mme Roy, qui est sa voisine, raconte l’incident dans une déclaration sous serment consultée par La Presse. Elle dit avoir vu deux hommes fuir, puis être sortie pour voir MBriand. « Je me suis alors dirigée vers lui pour m’assurer qu’il allait bien, car sa voiture avait été endommagée à l’aide d’un objet incendiaire », dit-elle.

Le 13 mai suivant, des coups de feu ont été tirés vers sa propriété alors que l’avocat était absent.

« J’ai vécu une expérience des plus stressantes et angoissantes, mettant ma vie en danger puisque j’aurais pu être victime d’une balle perdue », affirme Mme Roy.

Elle dit avoir commencé à craindre que l’avocat ne quitte le pays et ne la rembourse jamais. Elle a donc obtenu la permission de faire saisir la maison dans l’attente qu’un juge se prononce sur sa réclamation, qu’elle chiffre maintenant 82 500 $ avec les intérêts et les frais.

L’avocat réclame des honoraires professionnels

Joint par La Presse, MBriand a dit que ce sont plutôt les entreprises liées à Raynald Desjardins qui lui doivent 107 000 $ en honoraires professionnels et que c’est pour ça qu’il n’a pas à rembourser le prêt, car c’est lui qui aurait une créance impayée.

Il s’interroge sur les évènements violents qui ont pris pour cible sa maison.

Ces évènements sont survenus de façon assez rapprochée. Peu après, j’ai été démis comme administrateur d’une compagnie liée à M. Desjardins, et ensuite, ces évènements survenus chez moi ont été évoqués pour justifier l’urgence de saisir ma propriété.

MMaximilien Briand

MBriand reconnaît avoir connu dans le cadre de son travail d’autres proches du crime organisé, notamment des relations des Hells Angels ainsi que Samy Mokaddem, assassiné dans sa Bentley, rue Bélanger à Montréal, en 2018. Mais il ne croit pas avoir de problèmes avec d’autres clients que le couple Desjardins-Roy.

L’avocat de Vicky Roy n’a pas répondu aux messages de La Presse. L’affaire devra maintenant être tranchée par un juge de la Cour du Québec.