(Québec) Le procès de Michel Venne a pris un tour inattendu, lundi matin, quand la poursuite a annoncé que des copies d’une lettre controversée avaient été trouvées dans les affaires de l’ancienne ministre Lise Payette.

Cette fameuse lettre avait été signée par la plaignante et Mme Payette en décembre 2015. La présumée victime a affirmé la semaine dernière que l’ancienne ministre d’État à la Condition féminine avait sollicité une rencontre avec elle. Elle l’aurait accusée de « faire du tort à un ami » et lui aurait dicté cette lettre pour faire taire des rumeurs qui circulaient sur Michel Venne.

« Je vous donne ma parole. Cette histoire n’est pas fondée », peut-on lire dans la courte lettre qui a été déposée en preuve lundi au palais de justice de Québec. « Je tenais à vous écrire ces quelques mots, car je ne voudrais pas détruire une famille inutilement. »

La défense devait commencer à présenter sa preuve lundi matin. Mais le procureur de la Couronne s’est adressé au tribunal pour rapporter « un incident » survenu vendredi. À ce moment, MMichel Bérubé a reçu un courriel du fils et liquidateur de succession de Mme Payette.

Celui-ci avait trouvé trois exemplaires du document dans les affaires de sa mère. « Dans les documents et effets personnels de Mme Payette, dans une enveloppe où le nom de [la plaignante] était écrit à la main », a expliqué le procureur de la Couronne.

La plaignante, que le tribunal interdit d’identifier, avait appelé Lise Payette en 2017 pour lui dire qu’elle n’était plus d’accord avec le contenu de la lettre. Elle avait enregistré Mme Payette et lui avait notamment demandé si elle avait toujours une copie du document.

« Moi, je n’ai pas gardé de copie, car je ne voulais pas garder de copie. Je n’ai pas ça entre les mains », avait assuré Mme Payette à la jeune femme aujourd’hui âgée de 29 ans.

La plaignante revient devant la cour

Le dépôt en preuve de cette lettre a permis à la défense d’interroger de nouveau la plaignante. Les avocats de M. Venne ont mis en doute la version de la jeune femme, qui dit que la lettre lui a été dictée.

La défense a ainsi exhibé un statut Facebook de la jeune femme, publié quatre jours après la signature de la lettre. Le mot « ragot » s’y retrouve, tout comme dans la lettre. « Le mot ‟ragot” est donc dans votre vocabulaire ? », a demandé l’avocate de l’accusé, MLida Sara Nouraie.

« Oui, mais ça ne change rien, Lise Payette m’a dicté le contenu du message », a répondu la plaignante.

Elle a aussi été questionnée sur son premier contre-interrogatoire la semaine dernière. Elle avait alors dit que dans la lettre, elle ne niait pas les faits, mais qu’elle se « distanciait » plutôt des rumeurs. Or, le document indique que « cette histoire n’est pas fondée ».

La plaignante a répondu qu’elle n’avait pas relu la lettre depuis sa signature, il y a six ans. « Je n’avais pas le souvenir exact de ce qu’elle contenait », a-t-elle dit.

Le procès de Michel Venne, 60 ans, va se poursuivre toute la semaine. M. Venne est accusé d’agression sexuelle et d’exploitation sexuelle.

La plaignante l’accuse notamment d’avoir tenté de mettre sa main dans son pantalon, à l’été 2008, alors qu’elle était sa stagiaire à l’Institut du Nouveau Monde. Elle avait 17 ans.