La police vient de mettre la main au collet d’un jeune rappeur montréalais qui aurait tourné des vidéoclips violents avec de vraies armes à feu prohibées.

Yahya Mouhime, 19 ans, était recherché depuis l’été dernier par l’escouade Quiétude, mais échappait toujours aux forces de l’ordre.

Il a finalement été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi par le groupe d’intervention tactique du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dans une résidence de la rue Principale à Laval, dans le quartier Sainte-Dorothée. Selon nos informations, il se terrait chez un ami, lui aussi connu de la police. Il n’aurait pas résisté à l’arrivée des policiers.

Raphaël Bergeron, porte-parole du SPVM, a confirmé son arrestation hier. « Il a été arrêté sur la base d’un mandat d’arrêt », a indiqué le policier.

Samedi, Mouhime a comparu par vidéoconférence pour faire face à quatre accusations pour possession non autorisée d’arme à feu. Il demeurera détenu au moins jusqu’à lundi.

La police s’est officiellement mise à ses trousses l’été dernier après avoir constaté qu’un clip du rappeur avait été tourné avec de vraies armes à feu. « Les acteurs sont cagoulés, à l’exception du suspect lors de certaines scènes, et manipulent des armes à feu », indiquait le SPVM en juillet.

Dans le cadre de cette enquête, huit perquisitions ont été menées à l’hiver et au printemps 2020, permettant de saisir « la majorité des armes exhibées dans le vidéoclip » et d’arrêter six suspects.

Mais Yahya Mouhime demeurait introuvable. Le rappeur, qui connaît un vif succès auprès des jeunes sur l’internet et rappe sous le nom de scène VT, a nargué la police pendant sa cavale. Le mois dernier, il a diffusé un nouveau clip dans lequel il apparaît avec un véritable arsenal d’armes à feu jugées véritables par la police. Il affirme, dans les paroles de la chanson, qu’il porte un 38 millimètres dans son sac en bandoulière, pendant que ses comparses pointent des armes vers la caméra.

Ses clips s’ouvrent sur un avertissement selon lequel les accessoires utilisés sont factices, une explication rejetée par la police, mais qui pourrait être invoquée lors d’un éventuel procès.

Sur les réseaux sociaux, l’automne dernier, il avait même mis en scène son arrestation avec une fausse voiture de patrouille louée et un acteur déguisé en policier.

Dans ses clips, Mouhime affiche son adhésion à un mode de vie criminel – vente de drogue, proxénétisme, utilisation d’armes à feu – en plus de proférer des menaces de mort. Il s’identifie aussi ouvertement aux gangs de rue d’allégeance rouge. Ses clips recueillent des dizaines, voire des centaines de milliers de visionnements sur YouTube. L’un d’eux a même été vu par 1,7 million d’internautes.

L’agent artistique de Yahya Mouhime n’a pas immédiatement rappelé La Presse.

– Avec Daniel Renaud et Louis-Samuel Perron, La Presse