(Winnipeg) Peter Nygard restera en prison au moins une autre semaine : le nouveau plan de remise en liberté sous caution présenté par ses avocats n’a pas immédiatement convaincu la juge, jeudi à Winnipeg.

Le magnat canadien de la mode, qui fait face à neuf chefs d’accusation pour trafic sexuel et manœuvres frauduleuses aux États-Unis, avait été arrêté le mois dernier à Winnipeg en vertu de la Loi sur l’extradition. Les accusations portent sur une conduite criminelle impliquant au moins des dizaines de victimes aux États-Unis, aux Bahamas et au Canada, entre autres.

La juge Shawn Greenberg a indiqué jeudi qu’elle aura besoin de temps avant de décider si M. Nygard, âgé de 79 ans, doit être libéré sous caution pour la suite des procédures d’extradition ; elle rendra sa décision le 5 février.

Les avocats de l’homme d’affaires canadien ont vainement plaidé que s’il était libéré sous caution, une agence de sécurité assurerait une surveillance vidéo à plein temps du domicile de M. Nygard. Les avocats du gouvernement canadien ont demandé comment M. Nygard paierait pour cette sécurité si ses finances sont en aussi piteux état, comme il le prétend lui-même.

Son avocat, Jay Prober, a aussi plaidé que la santé de son client était en danger s’il devait demeurer incarcéré.

La juge Greenberg avait critiqué, la semaine dernière, le précédent plan de remise en liberté sous caution, lorsque le tribunal a appris qu’une maison qu’un ancien dirigeant de la société offrait comme refuge à l’accusé avait en fait été achetée avec l’argent de M. Nygard. Des procureurs fédéraux ont aussi plaidé que M. Nygard avait les moyens de prendre la fuite et que les accusations aux États-Unis étaient trop graves pour qu’il soit libéré sous caution.

Des présumées victimes mineures

Les autorités américaines allèguent que sur une période de 25 ans, M. Nygard a utilisé l’influence de son entreprise de mode, ainsi que ses employés et ses fonds, pour recruter et utiliser des femmes et des filles mineures pour sa gratification sexuelle et celle de ses amis et associés.

Selon les documents judiciaires, il contrôlait ses victimes par des menaces, de fausses promesses de devenir mannequin et d’autres possibilités d’avancement professionnel, un soutien financier et d’autres moyens coercitifs, notamment une surveillance constante, des restrictions de mouvement et un isolement physique.

Le dossier complet d’extradition des procureurs américains ne devrait pas être fourni aux autorités canadiennes avant février. Les avocats de M. Nygard ont aussi plaidé qu’il était injuste de le maintenir en détention sans ces informations complètes sur les allégations, qu’il nie en bloc.

Peter Nygard a fondé sa petite entreprise de mode en 1967 à Winnipeg, où elle est passée d’une participation partielle dans un fabricant de vêtements pour dames à une marque vendue dans les magasins du monde entier. Il a démissionné de la présidence de l’entreprise lorsque le FBI et la police de New York ont mené une perquisition dans ses bureaux en février.

M. Nygard est également visé par une action collective aux États-Unis impliquant 57 femmes qui soutiennent des allégations similaires. Deux de ses fils ont aussi intenté une poursuite distincte ; ils allèguent que leur père avait organisé des relations sexuelles pour ses garçons, alors adolescents, avec une femme.