« Donne-moi l’argent », ordonne l’homme cagoulé. Pistolet « crinqué », il pointe son arme sur le caissier et s’enfuit avec le butin. Jeffrey Marshall Ménard a réalisé une vingtaine de braquages dans le Grand Montréal en 2017. Déclaré coupable l’automne dernier, il pourrait recevoir une étiquette réservée aux criminels les plus dangereux et écoper d’une très lourde peine.

De septembre à novembre 2017, le Montréalais de 39 ans a semé la terreur dans les commerces de Montréal, Laval, Longueuil, Candiac et Berthierville. Comme on peut le voir dans les nombreuses vidéos de surveillance présentées au procès, le modus operandi de Jeffrey Marshall Ménard était toujours le même. Un braquage rapide et précis visant surtout des banques, mais aussi des restaurants-bars.

Portant une cagoule et un foulard noirs, le voleur entre dans le commerce en « cyclant » son petit pistolet. Sur les images, on peut le voir glisser la culasse de son arme vers l’arrière de façon ostentatoire avant de le braquer sur un employé. Quelques secondes plus tard, il ressort avec une poignée de billets.

« Give me the money », lance-t-il à un employé d’un restaurant du boulevard Métropolitain à qui il demande d’ouvrir les appareils de loterie vidéo. Il met en garde l’employé : « Fais attention, mon arme est chargée. » Dans un autre braquage, il pousse son arme sur le ventre d’une employée qui pensait jusqu’alors à une blague. Après lui avoir volé son argent, il lui demande : « Where’s the big cash ? »

Même si aucun témoin oculaire n’a été en mesure de l’identifier, Jeffrey Marshall Ménard a tout de même été reconnu coupable au terme d’un long procès en novembre dernier en raison d’une preuve de faits similaires. Bien que certains témoins aient décrit un suspect blanc, alors que l’accusé est noir, les vidéos de surveillance montrent clairement le même homme, de forte stature.

Un « très haut niveau de similitudes »

La juge Anne-Marie Lanctôt a conclu que le « très haut niveau de similitudes » des 19 braquages, conjugué à d’autres éléments de preuve, permettait de conclure à la culpabilité de Jeffrey Marshall Ménard. Ce dernier a aussi été arrêté en possession d’une arme à feu de petite dimension similaire à celle utilisée lors des vols.

Vendredi après-midi, la juge a accepté la demande du procureur de la Couronne MAlexis Dinelle pour que Jeffrey Marshall Ménard soit évalué par des psychiatres afin de déterminer sa dangerosité. La défense contestait cette étape préliminaire. « Je suis obligée de considérer le nombre et la répétition des mêmes gestes », a justifié la juge, qui a évoqué des gestes « prémédités et planifiés à l’exécution bien précise ».

Cette évaluation permettra à la poursuite de déterminer s’il est nécessaire de déposer une requête pour le déclarer délinquant dangereux ou délinquant à contrôler. Notons que Jeffrey Marshall Ménard fait face à une très lourde peine de pénitencier, puisque la peine minimale pour ses crimes est de 19 ans, soit une année par vol qualifié avec une fausse arme à feu, sans compter ses autres infractions. Il a aussi plusieurs antécédents criminels.

Préoccupé par la possibilité de passer deux mois à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, Jeffrey Marshall Ménard s’est adressé à la juge en salle d’audience. « Je n’ai jamais fait de psychiatrie. Je ne peux pas rester avec du monde psychiatrique », a-t-il déclaré. La juge l’a toutefois rassuré, puisque les psychiatres pourront le rencontrer en prison.