Le juge en chef de la Cour supérieure Jacques R. Fournier quittera son poste le 1er mai prochain après sept ans à la tête du tribunal. Le magistrat entend ensuite siéger comme juge surnuméraire jusqu’à sa retraite.

« Son départ à titre de juge en chef de la Cour supérieure du Québec était prévu depuis un bout de temps. Ce n’est pas une surprise », précise Caroline St-Pierre, porte-parole des Tribunaux du Québec.

Dans une missive envoyée mercredi aux juges de la Cour supérieure, le juge en chef indique à ses collègues avoir écrit lundi aux deux ministres de la Justice pour les aviser de sa décision de démissionner. Il ajoute qu’il veut siéger comme juge surnuméraire à compter du 2 mai 2022.

« J’aurai été à la direction de la Cour pendant presque huit années et demie, d’abord comme juge en chef adjoint de décembre 2013 à juin 2015 et depuis lors comme juge en chef. J’ai aimé profondément servir la Cour en ces qualités, et honoré d’avoir autant de collègues de si haut niveau. Cependant, je considère que l’heure est venue de laisser la place », écrit le juge en chef dans la lettre.

Pendant ses années à la direction de la Cour supérieure, le juge en chef Fournier n’a jamais hésité à prendre position publiquement sur des enjeux importants du système judiciaire, notamment dans la foulée de l’arrêt Jordan. En 2019, par exemple, il invitait les ministres à réfléchir aux conséquences de certaines réformes du droit familial et criminel sur le système judiciaire.

Le juge en chef a également déjà pris position dans certains dossiers chauds pour dénoncer les abus du système judiciaire, notamment au sujet des ultra-riches qui congestionnent les tribunaux et de la multiplication des actions collectives.

« Chaque fois qu’une partie abuse d’une journée, il y a deux mesdames ou deux messieurs qui ont besoin d’une pension alimentaire et qui attendent », disait-il à La Presse en 2018.

Dans une entrevue accordée à La Presse le mois dernier, mais publiée en partie dans nos pages vendredi, le juge en chef dénonçait les conditions de travail accordées au personnel de la cour et se disait préoccupé par la pénurie de main-d’œuvre.

« C’est un problème qui frappe l’ensemble de la société. Je trouve ça ironique qu’on parle des problèmes des restaurateurs à trouver du personnel, mais on ne parle pas des problèmes des trois pivots de la démocratie à recruter du personnel », a-t-il affirmé.

Avec la collaboration de Philippe Teiscera-Lessard et Tristan Péloquin, La Presse