L’homme accusé d’avoir tiré sur l’agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Sanjay Vig en janvier et d’avoir tué un codétenu l’été dernier conteste le rapport psychiatrique qui conclut qu’il est apte à subir un procès.

C’est ce qu’a annoncé l’avocat d’Ali Ngarukiye, MLloyd Fischler, mercredi matin. Ali Ngarukiye a comparu en personne, sous forte surveillance, au palais de justice de Montréal.

Il avait comparu lundi, par visioconférence, depuis l’Institut Philippe-Pinel, où il est actuellement détenu, mais l’audience a été tellement échevelée et l’accusé, tellement erratique, que le juge Salvatore Mascia de la Cour du Québec a demandé à ce qu’elle soit reportée à mercredi, et que Ngarukiye soit présent dans la salle, en compagnie de son avocat.

L’audience de mercredi matin n’a guère été plus assurée.

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Ali Ngarukiye

« Il n’est pas mon avocat. Comment pourrait-il être mon avocat, je n’ai pas besoin d’avocat », a lancé d’emblée Ngarukiye à la juge Guylaine Rivest, en parlant de MFischler.

« Il est ici pour vous aider. Vous n’êtes pas d’accord ? », lui a demandé calmement la magistrate.

« Non », a répondu Ngarukiye.

« Je veux mon sac », a-t-il ajouté, faisant vraisemblablement allusion à un objet en possession de son avocat.

« Est-ce qu’on pourrait enlever le plexiglas, je ne vous vois pas ? », a-t-il aussi demandé à la juge Rivest, qui lui a répondu que c’était impossible.

La magistrate a été très patiente avec l’accusé, lui expliquant tranquillement les procédures à venir.

Considéré comme dangereux

Lundi dernier, les parties ont reçu un rapport d’un psychiatre de l’Institut Philippe-Pinel qui conclut que l’accusé est apte à subir son procès.

Mais après avoir discuté avec son client avant l’audience de mercredi, MFischler a annoncé que ces conclusions sont contestées.

Un débat d’une durée d’une journée aura donc lieu le 24 janvier prochain. Le psychiatre qui a rédigé le rapport sera appelé à la barre des témoins. La poursuite est représentée par MLouis Bouthillier.

En attendant, MFischler a demandé à ce que Ngarukiye soit renvoyé à Philippe-Pinel, et non au Centre de détention Rivière-des-Prairies, « dans le meilleur intérêt de [son] client », a-t-il dit.

Le mois dernier, Ali Ngarukiye devait comparaître en personne au palais de justice, mais il en a été décidé autrement, étant donné sa dangerosité.

« Il est agressif et représente une menace pour la sécurité de tout le monde », avait indiqué le juge André Perreault.

Et lundi, ce sont les mains menottées et enchaînées à un fauteuil roulant, flanqué de deux gardiens, qu’il a comparu par visioconférence depuis l’Institut Philippe-Pinel.

Ali Ngarukiye est accusé d’avoir tenté de tuer le policier Sanjay Vig dans le quartier Parc-Extension. L’affaire avait fait les manchettes l’hiver dernier, d’autant plus qu’un automobiliste sans histoire, à qui l’agent venait de donner une contravention, Mamadi III Fara Camara, a été injustement accusé de ce crime. Victime d’une erreur sur la personne, il avait finalement été libéré six jours plus tard et innocenté sur toute la ligne par le service de police, qui lui a même présenté des excuses.

Deux mois plus tard, Ali Ngarukiye a été arrêté à Toronto pour ce crime. Pendant sa détention préventive, il aurait assassiné son codétenu André Lapierre. Ce dernier a été retrouvé mort dans la cellule qu’il partageait avec Ngarukiye au Centre de détention Rivière-des-Prairies. Il fait donc face à une accusation de meurtre et d’outrage à un cadavre.

Avec Louis-Samuel Perron

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