Westley Alectus, un ex-propriétaire de salons de massage qui niait avoir obligé sa copine à se prostituer a été reconnu coupable de proxénétisme. Le juge Pierre Dupras a cru le récit de la victime, une femme isolée, battue et tenue de recevoir jusqu’à sept clients par jour.

Le Lavallois de 43 ans a été déclaré coupable de trois chefs d’accusation reliés au proxénétisme, ainsi que de voies de fait, le 29 novembre dernier, au terme de son procès qui s’est déroulé à la fin de l’été au palais de justice de Montréal. Il a cependant été acquitté d’une accusation de voies de fait armées.

Iris* rencontre Westley Alectus (aussi nommé Wesley au plumitif) sur Facebook en 2016 et décide dès décembre de quitter sa région pour vivre avec lui à Montréal. Elle rêve alors de retourner à l’école. Mais Iris déchante vite, lorsqu’une autre femme débarque dans leur appartement pour se prostituer plusieurs jours par semaine. Iris n’a toutefois nulle part où aller.

Entre 3 et 7 clients par jour

« Toi, tu vas bientôt sauter sur tes talons hauts », lui lance Alectus en lui achetant des vêtements osés. Si elle refuse de « travailler », elle devra partir. Le proxénète lui prépare alors des annonces sur plusieurs sites internet. Le jour même, Iris accueille son premier client.

Westley Alectus lui montre un système de codes par texto : 311 pour « pas de danger », 611 signifie : « J’ai peur » et 911 : « C’est vraiment dangereux ». Deux autres chiffres précisent la durée du service requis par le client. Ainsi, « 311/300 » signifie que tout se passe bien, la durée est de 30 minutes.

Quand Iris lui demande quelle proportion des gains elle doit lui remettre, le proxénète rétorque : « Tout, t’es pas une employée, t’es ma blonde. » De décembre 2016 à Pâques 2017, Iris estime avoir reçu entre trois et sept clients par jour du mardi au samedi et n’avoir jamais touché d’argent.

Le jour de Pâques, alors qu’elle refuse d’avoir une relation sexuelle avec lui, Alectus la frappe au visage du revers du poing, au point de la faire saigner. Iris songe alors à fuir. Une semaine plus tard, elle se fait héberger chez une amie et se rend à la police, mais sans parler de prostitution.

Iris retourne dans sa région natale, mais finit par revenir chez l’accusé, à condition de ne plus se prostituer. Westley Alectus lui demande néanmoins de partir dans l’Ouest « faire escort ». Iris porte plainte à nouveau.

Le témoignage de l'accusé rejeté

S’il a cru le témoignage « cohérent » d’Iris, le juge Dupras a complètement rejeté celui de l’accusé. Ce dernier prétendait qu’Iris avait pris l’initiative de se prostituer. Mécontent, Alectus disait même « bouder » au début. Or, des messages entre l’accusé et la victime contredisent sa version « bancale ».

« Ces messages constituent une sorte d’inventaires des activités de prostitution », résume le juge. Par ailleurs, Alectus signait parfois ses messages par « Prestige Mtl inc. ». Le proxénète a déjà eu des salons de massage, dont l’un s’appelait Prestige Spa et massage. Cependant, il affirme ne pas savoir si des services sexuels y étaient offerts.

En liberté pendant le processus judiciaire, Westley Alectus reviendra en cour en mars prochain pour les observations sur la peine.

MCharles Doucet représente le ministère public, alors que MAnna Ouahnich représente l’accusé.