Le caïd Raynald Desjardins restera détenu jusqu’à nouvel ordre. Son appel de la révocation de sa libération conditionnelle, ordonnée en septembre dernier, vient en effet d’être rejeté afin d’assurer la « protection de la société ».

Dans sa décision, dont La Presse a obtenu copie, la Section d’appel de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLC) estime que l’organisme « a bien tenu compte de la jurisprudence et des critères de la Loi pour en arriver à la conclusion de révoquer » la libération de Desjardins.

On y rappelle que la CLC doit toujours « déterminer si elle est convaincue qu’une récidive de la part du délinquant avant l’expiration légale de la peine qu’il purge présentera un risque inacceptable pour la société ». « La protection de la société est toujours le facteur prépondérant de toutes décisions de la Commission », insistent les commissaires.

En mai, la libération conditionnelle de Raynald Desjardins, qui purge depuis 2016 une peine de 14 ans pour avoir comploté en vue du meurtre de l’aspirant parrain Salvatore Montagna, commis à Charlemagne en 2011, avait été suspendue un mois après sa libération.

La raison : il avait été surpris le 18 mai en compagnie d’un homme qu’il a connu au pénitencier, Jean-Charles Denommé, qui a déjà été considéré comme une relation des Hells Angels. Les policiers ont vu ce dernier suivre le caïd dans un autre véhicule alors qu’il s’était arrêté à cinq endroits différents.

De surcroît, les commissaires avaient jugé que Raynald Desjardins avait adapté sa version des faits au fur et à mesure qu’il prenait connaissance des faits constatés par les policiers. Il avait notamment expliqué que Denommé n’était jamais entré dans sa maison et ajouté qu’il ne savait pas que ce dernier le suivait en voiture, « car il ne regarde jamais en arrière lorsqu’il conduit ». Or, la conjointe du caïd a écrit à l’intention des commissaires que l’homme avait effectué des travaux à l’intérieur de sa maison et que c’est elle qui lui avait demandé de suivre son conjoint, car il n’avait pas de GPS.

« Un besoin élevé d’intervention »

Au début du mois de septembre, en se disant préoccupés par son « manque d’honnêteté et de transparence » ainsi que par les contradictions et « incongruités » relevées dans sa version des faits, les commissaires ont révoqué la libération conditionnelle de l’homme.

Ce dernier a ensuite porté la décision en appel ; c’est celui-ci qui vient d’être rejeté. Si l’Équipe de gestion de cas (ÉGC) de Desjardins avait d’abord constaté que ce dernier semblait vouloir « délaisser la criminalité au profit de la légalité » pour « effectuer de meilleurs choix que par le passé », la Section d’appel note que « la présente situation de bris et de suspension de votre libération d’office vient assombrir ce portrait ». « Vos intervenants se questionnent sur le véritable changement d’attitude et de valeurs face au respect des lois que vous prônez », lit-on dans la décision, qui s’adresse directement au principal intéressé.

« La sphère des fréquentations nécessite toujours un besoin élevé d’intervention. Vous semblez toujours nier votre délit de complot pour meurtre malgré la preuve de votre implication tel qu’indiqué dans le jugement du tribunal. […] Vous êtes toujours identifié comme étant membre d’un groupe menaçant pour la sécurité soit le crime organisé traditionnel », est-il aussi écrit.

Pour toutes ces raisons, la Section d’appel « estime que la Commission a rendu une décision raisonnable » basée sur des « éléments pertinents, sûrs et convaincants ».

Avec Daniel Renaud