Pour diminuer le nombre de collisions mortelles et de blessés graves et pour protéger les usagers de la route les plus vulnérables, la Sûreté du Québec s’est dotée d’une nouvelle politique de Vision zéro.

« La vie humaine est au cœur de nos actions, a dit le capitaine Paul Leduc, responsable du Service de la sécurité routière et récréotouristique de la Sûreté du Québec, dans un point de presse jeudi. Beaucoup de policiers sont devenus policiers pour sauver des vies, dont moi, et c’est l’objectif derrière notre nouvelle orientation. »

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le capitaine Paul Leduc, responsable du Service de la sécurité routière et récréotouristique de la Sûreté du Québec

Inspiré du plan de Vision zéro de la Ville de Montréal et de celui de plusieurs provinces, dont l’Ontario, le plan de la SQ vise à améliorer la sécurité du bilan routier en collaborant avec plusieurs partenaires, dont les villes, le ministère des Transports et la SAAQ, notamment.

Concrètement, les patrouilleurs de la SQ pourraient être plus visibles et enclins à faire respecter les limites de vitesse, principale cause citée dans les collisions mortelles au Québec.

On le sait : plus la limite de vitesse est élevée, plus on crée les conditions qui permettent aux collisions mortelles de se produire.

Le capitaine Paul Leduc, responsable du Service de la sécurité routière et récréotouristique de la Sûreté du Québec

Le nombre de blessures et de morts sur les routes du Québec diminuerait fortement si chaque conducteur réduisait sa vitesse moyenne, selon la Société de l’assurance automobile du Québec. « Nous verrions 12 décès en moins par année pour une réduction de 1 km/h, 60 décès en moins par année pour une réduction de 5 km/h, et 120 décès en moins par année pour une réduction de 10 km/h », a noté la SAAQ en juillet.

Bien que la question ne soit pas de son ressort, la SQ pourrait aussi ponctuellement faire des suggestions d’abaisser la limite de vitesse ou de réaliser des réaménagements dans des endroits problématiques. « Sur cette question et sur plusieurs autres, nous voulons travailler avec nos partenaires. Ce n’est pas possible de travailler en silo. C’est une nouvelle philosophie », a dit Paul Leduc lors de l’annonce de la Stratégie 2021-2026 sur la sécurité des réseaux de transports au Québec, jeudi.

Responsabilité partagée

Les collisions mortelles sont souvent vues comme des « accidents », des évènements dus à l’erreur humaine et contre lesquels on ne peut rien. L’approche Vision zéro, au contraire, permet de regarder les collisions mortelles à travers un prisme multidisciplinaire afin de s’attaquer à leurs causes – tout en tenant compte de la faillibilité humaine.

« On banalise souvent les collisions mortelles, a dit le capitaine Leduc. C’est pratiquement un décès par jour sur l’ensemble de nos réseaux. Chaque décès routier affecte une famille de façon pratiquement inimaginable, les gens sont marqués par cet évènement pour le restant de leur vie. »

Avant, on disait que la responsabilité revenait aux usagers, maintenant, on vise la responsabilité partagée, entre les gestionnaires, les concepteurs du réseau routier, les usagers, etc.

Le capitaine Paul Leduc, responsable du Service de la sécurité routière et récréotouristique de la Sûreté du Québec

La sécurité des usagers de la route les plus vulnérables sera aussi davantage priorisée par la Sûreté du Québec. Au cours des cinq dernières années, 327 personnes se déplaçant à pied sont mortes sur les routes du Québec.

La SQ patrouille dans quelque 75 % des routes du Québec.

Programme plus proactif

Le nombre de collisions routières causant la mort a beaucoup diminué au cours des dernières décennies au Québec, notamment grâce au fait que les véhicules sont munis de davantage de dispositifs de sécurité qu’avant.

En conséquence, le statu quo ne permet plus de faire des gains, d’où l’importance de mettre en place un programme plus proactif, a noté le capitaine Leduc. « Lorsqu’on rencontre les élus des territoires que l’on dessert, leur préoccupation numéro un, c’est la sécurité routière », dit-il.

La SQ étend aussi cette Vision zéro aux véhicules récréotouristiques, qui font eux aussi de nombreux morts et blessés chaque année dans la province.

Depuis le début de la pandémie, plusieurs personnes ont fait l’achat de bateaux, de VTT ou de motoneiges. Pour la majorité, il s’agit de gens qui débutent, qui n’ont pas une grande expérience avec ces véhicules, et donc, les risques de collisions sont présents, a noté le corps policier.

216

Nombre de collisions mortelles survenues sur les routes du Québec en 2021 en date de jeudi

Source : Sûreté du Québec

2200

Nombre de collisions mortelles qui survenaient chaque année sur les routes du Québec il y a 40 ans

Source : Sûreté du Québec

400 000

Hausse du nombre de véhicules immatriculés au Québec circulant sur les routes au cours des cinq dernières années. Durant cette période, quelque 300 000 personnes ont obtenu un permis de conduire.

Source : Sûreté du Québec