L’homme de 69 ans blessé lors d’une tentative de meurtre mercredi après-midi dans le quartier de Rivière-des-Prairies, à Montréal, est Serafino Oliverio, alias Sergio Lopez, chef d’un clan de la mafia discret, mais présent dans le nord de la métropole depuis des années.

Le Service de police de la Ville de Montréal a fait savoir que la vie du sexagénaire, qui aurait été atteint à une cheville et à un avant-bras, est hors de danger. Il repose actuellement à l’hôpital, entouré de proches.

Un appel a été fait au 911 vers 16 h 30 pour des coups de feu entendus sur le boulevard Gouin Est, près de l’avenue Paul-Dufault. À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont localisé plus d’une vingtaine de douilles et au moins un impact de balle sur un véhicule stationné sur le boulevard Gouin Est, selon nos informations.

Il semble que Serafino Oliverio venait de sortir de chez lui lorsqu’il aurait été pris pour cible par deux suspects. Il s’est rendu lui-même à l’hôpital environ 30 à 40 minutes plus tard.

Des enquêteurs et des techniciens en identité judiciaire ont été envoyés afin d’analyser la scène. Un périmètre a été mis en place sur les lieux.

Les suspects, qui n’auraient pas abandonné d’arme sur place, n’ont pas été arrêtés.

Un homme discret

Serafino Oliverio, un entrepreneur en construction, est considéré par la police comme le chef d’un clan relativement indépendant de la mafia montréalaise et présent depuis plusieurs années dans le nord de Montréal, où ses membres possèdent plusieurs bars et autres commerces.

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Serafino Oliverio

Le clan Lopez-Oliverio a toujours mené ses affaires discrètement avant que les projecteurs des enquêteurs de la Sûreté du Québec soient braqués sur lui durant l’enquête Magot-Mastiff, entre 2013 et 2015.

Trois frères, Franco, Giuseppe et Pasquale Lopez, considérés comme les neveux de Serafino Oliverio, ont été accusés d’avoir fourni en cocaïne un trafiquant du quartier Hochelaga-Maisonneuve alors que celle-ci était en rupture de stock durant l’enquête. Mais ils ont plus tard bénéficié d’un arrêt des procédures.

Depuis 2019, des cafés et autres établissements, dont un restaurant du boulevard Gouin dans le quartier Rivière-des-Prairies considéré comme le quartier général de Serafino Oliverio, ont été les cibles d’incendiaires. Même tout récemment, une voiture appartenant à un membre de la famille Lopez aurait été aspergée d’essence dans son entrée, dans le nord-est de la métropole, selon nos informations.

Serafino Oliverio n’a pas d’antécédent criminel.

En 2018, un juge l’a condamné, lui et sa société, Développement Olicon, à verser une amende de 75 000 $ à l’Agence du revenu du Québec (ARQ) pour taxes non payées au gouvernement.

Vu avec un lieutenant de la mafia

En novembre 2013, Serafino Oliverio a dû renoncer à conserver quatre armes de poing qu’il possédait, après que le Contrôleur des armes à feu du Québec eut refusé de renouveler ses permis, « parce que l’enquête Colisée a établi qu’il entretenait des relations avec le clan Rizzuto connu comme une organisation criminelle », pouvait-on lire sur la note de refus produite par le contrôleur.

La procureure de la Poursuite au dossier avait notamment déposé le résumé de 400 pages de l’enquête Colisée menée par la Gendarmerie royale du Canada contre la mafia montréalaise au début des années 2000, en faisant notamment référence à la journée du 19 avril 2005.

Ce jour-là, l’entrepreneur Tony Magi — aujourd’hui mort — avait été enlevé par des inconnus et avait réussi à s’échapper. Peu après, il avait rencontré, en compagnie de Serafino Oliverio et de Tony Volpato, le lieutenant de la mafia Francesco Arcadi et son bras-droit, Francesco Del Balso au bar Laennec à Laval.

Serafino Oliverio avait répliqué que les motifs au soutien du refus du Contrôleur des armes à feu étaient faux, injustifié, non fondés et portaient atteinte à sa réputation. Il s’était décrit comme un homme d’affaires respecté et un citoyen responsable qui a toujours adopté une conduite exemplaire.

En 2018, un immeuble qui abrite une entreprise appartenant à la famille Oliverio-Lopez dans le nord de Montréal avait pris feu quand un incendie, vraisemblablement accidentel, s’était déclaré dans des serveurs de cryptomonnaie installés au sous-sol.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrive à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.