(Saint-Jérôme) Ernesto Fera a-t-il assassiné sa femme pour rembourser ses dettes grâce à l’assurance vie ? Dix-sept ans plus tard, le mystère pourrait finalement être élucidé. Lundi, le procès pour meurtre d’Ernesto Fera, qui a touché 350 000 $ à la mort de sa femme, Nadia Panarello, s’est amorcé.

« J’ai pris la main gauche de ma fille, et j’ai remarqué qu’elle était très froide. J’ai crié très, très fort », a confié en italien Antonietta Zompa, la mère de la victime. Premier témoin de la poursuite, la femme de 87 ans a courageusement décrit les circonstances de la découverte du corps de sa fille, le 12 février 2004, dans la résidence familiale du quartier Vimont à Laval.

Les photos de la scène de crime sont terribles. Le corps de la femme de 38 ans, la gorge tranchée, baigne dans une mare de sang dans la salle de bains adjacente à sa chambre. Signe d’une possible bagarre, une lampe massive est renversée juste à côté de la victime, vêtue seulement d’un pantalon et d’un soutien-gorge.

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Antonietta Zompa Panarello (à droite), mère de la victime, accompagnée de son autre fille

Ce matin-là, Antonietta Zompa reçoit un appel d’Ernesto Fera vers « 9 h, 9 h 30 ». « Il m’a dit que Nadia n’était pas arrivée à son travail. Il m’a demandé si je savais où elle était. Ernesto m’a dit qu’il irait voir à la maison », a-t-elle expliqué. Elle décide cependant d’y aller, comme elle habite plus proche et possède un double de la clé. Son appel au 911 montre l’ampleur de sa détresse dans la maison.

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C’est dans cette demeure que Nadia Panarello et Ernesto Fera vivaient en 2004 dans le quartier Vimont à Laval. Le corps de la victime a été retrouvé dans la salle de bain adjacente à la chambre principale.

« Un héritage de 175 000 euros »

Pendant 15 ans, le meurtre de Nadia Panarello est resté irrésolu. Ce n’est qu’en 2019 qu’Ernesto Fera a été arrêté. Un tel délai est rarissime dans une affaire de meurtre au Québec. On ignore d’ailleurs ce qui a finalement permis aux policiers de clore l’enquête. Selon la preuve, l’homme de 55 ans était en difficulté financière à l’époque. Un an plus tôt, il avait dû placer sous la protection de la faillite le restaurant dont il était copropriétaire depuis cinq ans.

Ernesto Fera avait en effet 115 000 $ en dettes, notamment auprès de Revenu Québec. Il avait accumulé trois mois de retard dans ses paiements hypothécaires et sa carte de crédit était remplie. Le couple n’arrivait même plus à payer ses taxes scolaires et les frais d’immatriculation de l’un de ses véhicules. Pourtant, le couple avait engrangé des revenus de 113 000 $ en 2003.

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Nadia Panarello

À l’automne 2003, Ernesto Fera s’est rendu dans les bureaux d’un ancien client de son restaurant, Michel Trudel – qui dirigeait jusqu’à récemment les studios MELS à Montréal – pour lui demander un prêt de 120 000 $. Comme M. Fera ne lui offrait pas de garanties, l’homme d’affaires a refusé. L’accusé lui a cependant confié « attendre un héritage de 175 000 euros », a témoigné Michel Trudel. Selon la mère de la victime, personne d’autre dans la famille n’est mort en 2003-2004.

Au total, Ernesto Fera a bénéficié de 350 000 $ en assurance-vie à la mort de sa femme, ce qui a permis de rembourser l’hypothèque de la maison et l’entièreté de ses dettes.

Ernesto Fera est défendu par MJoseph La Leggia et MIsabelle Lamarche, alors que le ministère public est représenté par MNektarios Tzortzinas, MSteve Baribeau et MAlexandre Dubois. Le juge James Brunton préside le procès.