Une femme accuse l’humoriste de la relève Jessy Sheehy de l’avoir agressée sexuellement à deux reprises en 2015. Dépression, abus de drogue, perte d’emploi, abandon de ses études : la femme réclame 120 000 $ à l’artiste pour les conséquences « désastreuses » engendrées par les agressions alléguées.

« N’eût été […] son comportement inacceptable et [les] agressions sexuelles commises envers la demanderesse, celle-ci n’aurait pas vécu la descente aux enfers des dernières années », allègue LB, dont l’identité est protégée, dans une poursuite modifiée déposée en février dernier au palais de justice de Montréal.

Si nous publions seulement maintenant, c’est qu’à la suite de l’intervention de La Presse et de Radio-Canada, la Cour d’appel du Québec a récemment levé l’anonymat accordé à Jessy Sheehy par la Cour supérieure. Notons que M. Sheehy ne fait face à aucune accusation criminelle.

Diplômé de l’École nationale de l’humour en 2013, Jessy Sheehy roule sa bosse depuis quelques années dans le milieu de l’humour. Il a notamment participé aux soirées Juste pour rire en tournée, au ZooFest, en plus d’animer des soirées d’humour à Jonquière.

Une première agression alléguée en 2015

La demanderesse LB soutient dans la requête avoir rencontré Jessy Sheehy en 2014, alors qu’elle avait 22 ans. À l’époque, elle fréquentait un « bon ami » de l’humoriste. S’étant liée d’amitié avec Jessy Sheehy, LB affirme s’être rendue chez lui en juin 2015 pour discuter de sa relation amoureuse.

C’est cette nuit-là que Jessy Sheehy l’a agressée sexuellement une première fois, allègue-t-elle. LB maintient être restée dormir chez l’humoriste, alors qu’ils avaient consommé du cannabis et de l’alcool et discuté toute la nuit. Jessy Sheehy devait toutefois dormir sur le sofa, indique-t-elle.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

L’humoriste Jessy Sheehy, en 2013

« Lorsque [LB] s’installe sur le lit, [Jessy Sheehy] la rejoint. Le défendeur lui caresse les cuisses en lui offrant d’avoir une relation sexuelle. [LB] refuse d’avoir une relation sexuelle avec le défendeur », allègue la femme.

C’est alors que Jessy Sheehy aurait téléphoné au copain de LB – un ami commun – pour lui demander la « permission » d’avoir une relation sexuelle avec LB. À la suite du refus du copain, les deux amis se disent bonne nuit.

« La demanderesse se réveille alors que [Jessy Sheehy] est couché près d’elle et la touche. Elle ne comprend pas ce qui se passe, il la pénètre de force et elle fige. La demanderesse est déconcertée ; elle a refusé d’avoir des relations sexuelles avec [Jessy Sheehy] et le lui avait clairement dit », allègue LB dans la requête.

A suivi une période très difficile pour la jeune femme qui affirme s’être « désorganisée », alors qu’elle était dans un « état de fragilité psychologique » en raison de l’agression alléguée. Elle a alors commencé à consommer une « très grande » quantité de cannabis, puis a abandonné ses études. Elle s’est finalement retrouvée hospitalisée en psychiatrie.

En novembre 2015, LB a « provoqué » une rencontre avec l’humoriste en marge d’un spectacle pour discuter des évènements. La femme allègue que Jessy Sheehy a « tenté de l’embrasser à plusieurs reprises en la collant sur un mur de la cage d’escalier » et qu’elle a dû le repousser.

Une deuxième agression alléguée, six mois plus tard

La seconde agression alléguée par LB aurait eu lieu en décembre 2015, lorsque Jessy Sheehy se serait rendu chez LB d’un commun accord. « Malgré les refus répétés » de LB, l’humoriste aurait posé « ses mains sur les seins et sur les fesses » de la demanderesse, allègue cette dernière.

« À chaque refus, le défendeur soupire de déception, en lui disant à quel point il est difficile de résister, car il a trop envie d’avoir une relation sexuelle avec elle », indique la requête. Devant une telle « insistance », LB propose de se masturber pour « se sortir de cette situation impossible », soutient-elle.

« LB s’est sentie forcée de commettre des actes sexuels avec [Jessy Sheehy] alors qu’elle n’était pas consentante et qu’elle le lui avait fait savoir clairement tant verbalement que par ses gestes », allègue-t-elle.

Dans la requête, LB reproche notamment à Jessy Sheehy d’avoir « ignoré à de trop nombreuses reprises » ses refus, de l’avoir pénétrée pendant son sommeil et de l’avoir forcée à participer à des actes sexuels. C’est pourquoi elle réclame 120 000 $ en dommages à l’artiste.

Les avocats de Jessy Sheehy ont indiqué que l’humoriste ne ferait pas de commentaires. Chez Juste pour rire, on indique avoir mis fin à la relation d’affaires avec l’humoriste en août 2020.