Un enseignant au primaire qui filmait l’entrejambe d’adolescentes dans des lieux publics souhaite s’en tirer sans casier judiciaire pour continuer « d’aider les gens ». Pourtant, Simon Lamarre a toujours des « intérêts sexuels déviants » envers les jeunes et continue à se poser en victime de son ex-conjointe « castrante », plaide la Couronne.

« Son mécanisme de frustration pour ses pulsions sexuelles, c’est d’aller filmer des petites filles en dessous de leur jupe près d’un collège, c’est d’aller à une plage où il y a des enfants en maillots de bain pour aller faire des films », a fait valoir la procureure de la Couronne, MSylvie Lemieux, lors des observations sur la peine cette semaine, au palais de justice de Montréal.

Le Montréalais de 40 ans a plaidé coupable à une accusation de voyeurisme l’été dernier pour avoir filmé en catimini les parties intimes de jeunes femmes et d’adolescentes dans des lieux publics entre 2017 et 2020. Le voyeur a notamment sévi dans le métro, à la piscine municipale et dans des escaliers roulants.

Jusqu’à récemment, Simon Lamarre était chargé de cours dans deux universités comme expert en éducation. Il enseignait également dans une école primaire de Notre-Dame-de-Grâce au moment des faits. Le docteur en éducation risque cependant de devoir mettre une croix sur sa carrière s’il n’obtient pas l’absolution conditionnelle qu’il réclame. La Couronne demande ­une sanction plus sévère, soit un sursis de peine (sentence suspendue).

« C’est difficile de trouver des mots pour dire à quel point je regrette en profondeur. Il n’y a pas d’adjectifs qui peuvent qualifier mon regret », a confié Simon Lamarre à la cour. S’il ne retourne pas à l’enseignement, Simon Lamarre espère se « racheter » en aidant des contrevenants ou des personnes avec des troubles mentaux. Mais pour ce faire, il ne doit pas conserver de casier judiciaire.

Son avocat, MAlexandre Goyette, a invité les médias à ne pas « vendre des scandales » et à se concentrer plutôt sur la réhabilitation d’un homme en « détresse ». S’il a commis ces crimes, c’est que Simon Lamarre était « dans un état d’égarement, de consommation, de détresse, de crise identitaire », a plaidé MGoyette.

« Les rapports sont positifs et le risque est faible. C’est un individu qui va extrêmement bien », a renchéri l’avocat. Il a d’ailleurs martelé que Simon Lamarre n’avait « jamais blâmé sa conjointe », contrairement à ce que disait un « article médiatisé ».

Il se pose en « victime », selon la Couronne

Simon Lamarre soutient dans un rapport avoir agi avec « impulsivité » uniquement dans le but de « blesser sa conjointe », explique la procureure. Selon celle-ci, les rapports d’experts sont très clairs sur le fait que l’accusé met « la faute » sur Madame.

« C’est comme si Monsieur est déresponsabilisé, que Monsieur avait été victime d’une Madame méchante, castrante et qu’il était victime de tout ça », a plaidé MLemieux, qui souligne le risque « modéré » de récidive.

De plus, Simon Lamarre entretient « encore une hostilité envers les femmes », insiste la procureure. S’il n’a pas de « déviance sexuelle », indique un rapport, il présente tout de même une « difficulté de sévère intensité pour les intérêts sexuels déviants envers les adolescents [et] certaines difficultés d’intensité modérée au niveau de l’hostilité envers les femmes ».

Aux yeux de la Couronne, le public serait « choqué » d’apprendre que Simon Lamarre puisse à nouveau se retrouver en « position d’autorité » avec des étudiants. « Quand Monsieur fait son doctorat en éducation, il se promène quand même avec un cellulaire pour filmer en dessous des jupes de petites filles, dont certaines n’ont pas de culottes. Ça, c’est en même temps qu’il enseigne au primaire », a illustré MLemieux.

Simon Lamarre s’était d’ailleurs fait pincer par des policiers en filature, alors qu’il filmait l’entrejambe d’élèves en uniforme d’écolières à la station de métro Villa-Maria, à deux pas de l’école primaire où il enseignait. À son arrestation, il affichait un « grand sourire » en regardant les jeunes filles en uniforme.

En contre-interrogatoire, Simon Lamarre s’est fermement défendu d’avoir « banalisé » ces crimes. « Je n’ai jamais banalisé ! On ne peut pas banaliser un acte aussi grave », a-t-il assuré.

« J’ai perdu deux carrières, peut-être, que j’aimais beaucoup, pour des gestes qui sont inacceptables. Je ne blâme personne, je prends l’entière responsabilité de mes actes et je continue de cheminer et à apprendre, parce que je crois que c’est possible de vivre une vraie réinsertion sociale positive », a affirmé Simon Lamarre, qui poursuit une thérapie.

Le juge Jean-Jacques Gagné rendra sa décision à la fin du mois.