Accusés de deux meurtres prémédités, Marie-Josée Viau et Guy Dion ont fait des aveux le soir de leur arrestation que les jurés n’ont jamais pu entendre et qui contredisent leurs témoignages sous serment en cour. Le jury est maintenant séquestré après cinq mois d’un procès marqué par le témoignage-fleuve d’un ancien tueur à gages de la mafia devenu agent civil d’infiltration pour la police qui a avoué avoir commis trois meurtres, dont il n’a jamais été accusé. Comment et pourquoi ces choses ont-elles été possibles ?

Les accusés sont passés aux aveux le jour de leur arrestation

Le jour où ils ont été arrêtés pour les meurtres des frères Falduto commis sur leur propriété à l’été 2016, Marie-Josée Viau et Guy Dion sont passés aux aveux et ont offert des versions très différentes de celles qu’ils ont racontées, sous serment, devant jury lors de leur procès.

Contrairement à ce qu’il a dit dans son témoignage, Guy Dion a admis qu’il savait ce qui allait se passer sur sa propriété ce jour-là et que son mandat était de faire du bruit pour couvrir le son des coups de feu. Le couple a aussi avoué avoir brûlé les corps des victimes, ce qu’il a nié devant le jury il y a quelques semaines.

Mais les jurés ignorent ces déclarations vidéo faites dans les heures qui ont suivi leur arrestation, parce que le juge a écarté ces aveux, concluant que les droits constitutionnels des accusés n’avaient pas été respectés.

Puisque le jury est maintenant séquestré pour ses délibérations, La Presse peut révéler le contenu de ces interrogatoires, car ils ont été visionnés par les parties et le juge, et déposés en annexe à des requêtes débattues avant le début du procès et en l’absence des jurés.

Cela signifie que tous les gens présents dans la salle d’audience lors du procès connaissaient le contenu de ces interrogatoires vidéo lorsque Marie-Josée Viau et Guy Dion ont témoigné il y a quelques semaines, sauf les jurés.

Marie-Josée Viau, 46 ans, et Guy Dion, 50 ans, sont accusés de complot et des meurtres au premier degré des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto commis le 30 juin 2016 dans le garage de leur propriété de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe.

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Giuseppe Falduto

Les deux frères ont été assassinés par un ancien tueur à gages de la mafia qui a ensuite collaboré avec la police et a compromis les accusés en les enregistrant à leur insu à l’été 2019.

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Vincenzo Falduto

Interrogés et contre-interrogés durant plusieurs jours il y a quelques semaines devant jury lors de leur procès, Marie-Josée Viau et Guy Dion ont notamment déclaré qu’ils ne savaient pas que des meurtres allaient être commis sur leur propriété le 30 juin 2016, qu’ils n’ont pas brûlé les corps et jeté les restes dans une rivière, comme le prétend la poursuite, mais qu’ils ont plutôt abandonné la voiture des victimes, avec leurs corps à l’intérieur, chez un certain Guidou.

« J’en avais mal aux yeux »

Or, durant son interrogatoire filmé au quartier général de la Sûreté du Québec, rue Parthenais, à Montréal, dans les heures qui ont suivi son arrestation le 16 octobre 2019, Marie-Josée Viau a dit, après avoir entendu quelques enregistrements que lui a fait écouter l’enquêteur des Crimes contre la personne qui la questionnait, que son conjoint et elle savaient que quelque chose allait se passer sur leur propriété le 30 juin 2016, mais qu’ils ignoraient quoi.

Alors qu’elle a déclaré au jury être entrée dans son garage peu après les meurtres commis en début d’après-midi, elle raconte à l’enquêteur s’être plutôt rendue dans le bâtiment beaucoup plus tard, au petit matin.

« J’en avais mal aux yeux esti quand j’ai nettoyé, dit Marie-Josée Viau à l’enquêteur dans les heures qui ont suivi son arrestation.

— Hein ? réagit le policier.

— J’en avais mal aux yeux à cause de l’eau de Javel », a-t-elle précisé, alors qu’elle a plutôt raconté aux jurés avoir seulement utilisé un petit litre du produit nettoyant ce jour-là.

La femme avoue ensuite que son conjoint et elle ont reculé la voiture des victimes dans laquelle les corps se trouvaient, l’ont approchée de leur foyer extérieur, et ont brûlé les corps durant plusieurs heures. Elle explique qu’ils ont ensuite creusé la terre avec des pelles à l’endroit où le foyer se trouve et dispersé les cendres et les restes.

Réunis après avoir été interrogés séparément

Interrogé séparément dans une autre salle du QG de la SQ, Guy Dion a longtemps martelé qu’il ne voulait pas parler, sur les conseils de son avocat, avant de succomber lui aussi, 12 heures après le début de l’interrogatoire.

On s’est tournés de bord pis on s’est dit : bon bien, il faut faire de quoi. En discutant ensemble, on a pris la décision de les faire brûler.

Guy Dion, lors de son interrogatoire

L’ancien chef des pompiers volontaires de Saint-Jude a aussi dit avoir mis les restes et les cendres dans une remorque tirée par son tracteur à gazon et les avoir jetés dans la rivière Salvail qui coule près de chez lui.

Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment aux jurés, il a dit le soir de son arrestation être allé seul porter la voiture des victimes chez Guidou, et que c’est ce dernier qui l’a raccompagné chez lui. Devant le jury, les accusés ont affirmé y être allés à deux voitures et être revenus ensemble.

Il a aussi dit que le jour des meurtres, il avait été convenu que sa conjointe et lui fassent du bruit.

Des aveux soutirés subtilement

La poursuite a demandé que l’interrogatoire de Mme Viau soit admissible en preuve durant le procès, mais le juge Éric Downs de la Cour supérieure, qui a présidé le procès, a conclu que les droits constitutionnels de Mme Viau – droit à l’assistance d’un avocat – avaient été violés lors de la rencontre avec les policiers et a rejeté la requête.

« Essentiellement, le Tribunal conclut que les policiers, lors de l’interrogatoire de l’accusée, ont dénigré les conseils de l’avocat de l’accusée. De plus, les policiers n’ont pas respecté les droits de l’accusée à communiquer avec un avocat sans délai, et à la première occasion raisonnable. »

Dans cette portion de son analyse, le Tribunal constate que l’enquêteur, lors de l’interrogatoire, a minimisé les conséquences juridiques de la participation de l’accusée et a incité celle-ci, par des promesses et avantages subtils, à faire des aveux, contrecarrant ainsi le droit au silence.

Le juge Éric Downs, dans sa décision sur l’admissibilité du témoignage de Marie-Josée Viau

Pour sa part, Guy Dion, durant son interrogatoire, a longtemps refusé de parler avant que les enquêteurs le jumellent avec sa conjointe dans la même salle durant une quinzaine de minutes. Dion a ensuite demandé si « ce serait retenu contre lui » s’il parlait, ce à quoi un enquêteur a répondu par la négative.

Le juge a aussi conclu que les droits constitutionnels de M. Dion ont été violés, mais la poursuite a présenté une requête pour permettre la présentation d’une preuve dérivée de son interrogatoire ; il s’agissait d’une rencontre filmée entre un enquêteur et Guidou, mais la requête a également été rejetée par le magistrat.

CAPTURE D’ÉCRAN D’UNE VIDÉO D’INTERROGATOIRE
DE POLICE DÉPOSÉE EN COUR

Guidou, de son vrai nom Guy Veillette, a été interrogé le 22 octobre 2019.

Guidou, de son vrai nom Guy Veillette, résidant de Saint-Guillaume, près de Drummondville, est mort en janvier 2020.

Marie-Josée Viau et Guy Dion ne sont pas accusés de complicité après le fait ou d’outrage à un cadavre.

Pourquoi le tueur à gages n’a pas été accusé de meurtre

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Guy Dion et Marie-Josée Viau, en août dernier. Le couple est accusé de complot et de participation aux meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto.

Il a reconnu avoir commis trois meurtres, mais n’en a pas été accusé. Mieux : il a été logé par l’État et a touché plus de 450 000 $. En échange, il a témoigné contre d’autres criminels au rôle pourtant moindre que le sien. Comment est-ce possible ?

Plusieurs lecteurs ont demandé à La Presse au cours des derniers mois pourquoi l’ex-tueur à gages qui a témoigné durant 15 jours lors du procès de Marie-Josée Viau et de Guy Dion n’a pas été accusé lui aussi des meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, alors qu’il a avoué avoir été celui qui a appuyé sur la détente.

L’ancien tueur à gages a aussi avoué à la police avoir assassiné le lieutenant de la mafia montréalaise Rocco Sollecito en mai 2016 à Laval et n’a pas non plus été accusé de ce crime, bien qu’il s’agisse du plus grave du Code criminel.

Qu’un meurtrier qui collabore avec l’État et qui a avoué ses crimes ne soit pas accusé et condamné à une peine, même réduite, est hors du commun. La Presse n’a pu trouver de cas similaire dans le passé au Québec.

Cet homme, dont on doit taire le nom en vertu d’un interdit de publication, a signé un contrat d’agent civil d’infiltration (ACI) avec l’État en mai 2019. Dans ce contrat, à la page 10, paragraphe 48, il est écrit que « l’entente n’accorde à l’agent civil d’infiltration aucune immunité de poursuite autre que celle prévue à la loi ».

Toutefois, lors de déclarations vidéo sous serment que l’ACI a faites sur les meurtres des frères Falduto et de Rocco Sollecito au début de l’année 2019, le policier de la Sûreté du Québec qui l’interroge l’avise que « s’il accepte de faire une déclaration, elle ne pourra servir de preuve contre lui dans une procédure criminelle, civile ou pénale, sauf dans le cas de parjure, de fabrication de preuve, d’entrave ou de méfait public ».

Cette mise en garde sur l’auto-incrimination a été faite en vertu de l’article 13 de la Charte canadienne des droits et libertés portant sur la protection contre les témoignages incriminants.

La disposition de l’article 13 précise que « chacun a droit à ce qu’aucun témoignage incriminant qu’il donne ne soit utilisé pour l’incriminer dans d’autres procédures, sauf lors de poursuites pour parjure ou pour témoignages contradictoires ».

On retrouve également une disposition semblable dans la Déclaration canadienne des droits et la Loi sur la preuve.

En gros, cela veut dire que l’ACI ne pourrait être accusé des meurtres des frères Falduto et de Rocco Sollecito que si un autre corps de police enquêtait sur ces crimes et amassait une preuve indépendante et suffisante pour soumettre le dossier à l’appréciation du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), et que celui-ci décidait de porter des accusations.

Légal, mais pas moral

Les avocates de la défense, MMylène Lareau et MNellie Benoit, ont souligné le fait que « l’ACI n’a pas fait un jour de prison » pour les trois meurtres qu’il a avoués durant leurs plaidoiries.

Même le juge Éric Downs, de la Cour supérieure, l’a souligné dans ses directives aux jurés.

Ancien procureur de la poursuite, MJean-Claude Boyer a piloté des dossiers visant des individus liés au crime organisé. Il croit que l’ACI aurait dû être accusé de ses crimes, quitte à négocier avec la poursuite et à plaider coupable à des chefs réduits afin de recevoir une peine moins longue en échange de sa collaboration avec les autorités.

« J’ai toujours été convaincu que l’on avait resserré la morale sur les témoins repentis depuis 25 ans. Je ne trouve pas que c’est un motif pour libérer les deux accusés, mais je trouve que c’est fallacieux et non acceptable moralement que la Couronne soit allée si loin », affirme MBoyer.

Je pense qu’une étude devrait être faite par quelqu’un d’indépendant sur les raisons pour lesquelles la Couronne est allée aussi loin. C’est peut-être légal, mais ce n’est pas moralement acceptable.

MJean-Claude Boyer, ancien procureur de la poursuite

Un ACI, comparativement à un témoin repenti ou témoin collaborateur, est un individu qui fait partie d’une organisation criminelle et qui décide, pour toutes sortes de raisons, de travailler pour la police durant la commission de crimes.

Avec la bénédiction des autorités, l’ACI continue de commettre des crimes – sauf des crimes de violence – avec ses complices et amasse des preuves contre ces derniers, qu’il communique à ses policiers contrôleurs. Une fois que ses complices sont arrêtés et accusés, il témoigne contre eux lors du processus judiciaire.

En général, le délateur ou témoin repenti a été arrêté et accusé d’un crime. Pour toutes sortes de raison, il décide ensuite de collaborer avec la police et accepte de témoigner contre ses anciens complices arrêtés et accusés eux aussi.

Tous deux, l’ACI et le délateur, doivent signer un contrat avec l’État et avouer tous leurs crimes.

Le contrat de l’ACI qui a témoigné contre Viau et Dion prévoyait qu’il pouvait commettre des crimes durant l’enquête, y compris des complots pour meurtre et autres actes de violence, mais qu’il ne devait pas les initier et qu’il devait les signaler à ses contrôleurs pour que la police intervienne avant qu’ils ne se réalisent.

L’ancien tueur à gages a eu droit durant l’enquête à une somme hebdomadaire de 780 $ pour ses frais de subsistance et à un logement fourni par les autorités. Il a signé un contrat avec l’État de 450 000 $ et doit payer de l’impôt.

Tueur à gages devenu ACI de la police : une vie et un témoignage tumultueux

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

La propriété de Marie-Josée Viau et Guy Dion à Saint-Jude, où l’ACI aurait abattu les frères Falduto

De voleur d’autos à trafiquant de drogue à meurtrier. Individu ayant des problèmes de santé mentale. Victime d’agressions sexuelles toujours habitée par ses démons. L’ancien tueur à gages de la mafia qui a assassiné les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto en 2016 et témoigné durant 15 jours au procès de Marie-Josée Viau et de Guy Dion, est un individu peu banal, qui a eu une vie peu banale.

L’homme, dont on doit taire le nom et toute autre information qui permettrait de l’identifier, a raconté en cour avoir été chassé de la maison familiale vers l’âge de 15 ans et avoir alors fait ses premiers pas dans la criminalité en volant des radios de voiture, puis des véhicules.

Il a ensuite travaillé en tant que déménageur de pianos pour un homme qui l’a recueilli chez lui, tout en vendant de la marijuana à des étudiants et aux élèves d’un collège privé réputé de l’ouest de Montréal.

Quand il est devenu jeune adulte, un ami et lui ont ensuite cambriolé un voisin, membre influent du Gang de l’Ouest à cette époque, lui volant des bijoux et de l’argent. Cela a causé une situation tendue à l’issue de laquelle un proche de l’agent civil d’infiltration (ACI) de la police a dû payer une dette auprès du membre du Gang de l’Ouest en lui servant notamment de chauffeur.

L’ACI a par la suite été arrêté pour vol de voiture et pour possession d’arme à feu et a été envoyé en prison pour la première fois. À sa sortie, il s’est lancé dans les vols de voitures à grande échelle.

Je volais 5 ou 6 chars par jour, des fois jusqu’à 10 ou 15. Des clients, il n’en manquait pas. Des policiers trouvaient des carcasses d’autos partout. Je faisais une couple de 100 000 $ par année.

L’ACI, à propos de la période où il volait des voitures

Durant les années 1990, il s’est rendu dans un bureau de change pour tenter de changer 10 000 $ en billets de 1 $ US trempés dans de l’eau de Javel et réimprimés en faux billets de 100 $ US, mais un autre client a remarqué l’arnaque et l’a dénoncé à l’employé.

À peu près à la même époque, il dit avoir pointé une arme à feu au visage de membres des Rockers, un ancien club-école des Hells Angels très actif durant la guerre des motards. L’ACI n’aime pas les motards, qu’il a surnommés « les trottinettes » à plusieurs reprises durant son témoignage.

Il a dit avoir ensuite aménagé une plantation de cannabis dans une maison située dans une rue au nom prédestiné, Evergreen, et avoir commencé à trafiquer de la cocaïne au kilogramme.

« J’ai fait tellement d’affaires qu’il se peut que j’en aie oublié lorsque j’ai fait ma déclaration de vie aux policiers, mais ce n’était pas volontaire », a-t-il notamment répondu à MMylène Lareau qui le contre-interrogeait.

Au début des années 2000, l’ACI s’est fait arrêter dans une ville de l’Ontario avec de fausses cartes d’identité et de faux passeports.

J’avais toujours des kits d’au moins 4 identités, pour plus de 16 pièces.

L’ACI de la police

Une fois libéré, il a continué de trafiquer des stupéfiants. « J’ai beaucoup fonctionné avec les indépendants. Ils attirent moins de chaleur », a expliqué l’ACI.

Durant son témoignage, il a raconté des conversations qu’il a eues avec des associés avec lesquels il tenait parfois des propos racistes. « Cela ne veut pas dire que je suis raciste. Je déteste la race humaine », a-t-il dit. « Je suggère que l’on passe à un autre sujet », est aussitôt intervenu le juge Éric Downs, de la Cour supérieure.

Marqué par ses agressions

Vers la fin des années 2000, l’ACI a déclaré avoir été victime de plusieurs agressions sexuelles.

C’est à partir du moment où il a été contre-interrogé à ce sujet par MLareau que l’ACI, qui témoignait déjà depuis quelques jours, a montré des signes d’impatience envers la criminaliste. « Enwoye next », a-t-il dit à l’avocate lorsqu’il ne voulait pas répondre davantage à des questions portant sur ses agressions sexuelles, sur ses problèmes de santé mentale et sur sa famille, et qui le rendaient très émotif et agressif.

Selon l’un de ses contrôleurs, l’ACI souffre d’insomnie, d’un trouble de stress post-traumatique et d’un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité.

À l’issue de l’une des agressions sexuelles dont il dit avoir été victime, l’ACI a ouvert le feu et blessé l’un de ses agresseurs présumés. Il a ensuite été condamné à une peine fédérale. C’est à ce moment qu’il a connu au pénitencier un individu maintes fois cité durant le procès mais qu’on ne peut identifier : « Brad Pitt ».

Selon l’ACI, c’est un membre du clan Mirarchi de la mafia montréalaise qui aurait demandé à Piero Arena – récemment assassiné – de demander à l’ACI de protéger « Brad Pitt » au pénitencier.

Après sa sortie du pénitencier, l’ACI a été envoyé dans une maison de transition où il a amorcé, avec une employée, une relation amoureuse devenue toxique.

Libéré lui aussi, Brad Pitt a présenté l’ACI au chef de clan de la mafia Salvatore Scoppa, qui avait en 2015-2016 un « menu », c’est-à-dire une liste de personnes à abattre.

C’est dans ce contexte que l’ancien tueur à gages dit avoir tué Rocco Sollecito et les frères Falduto. Il dit n’avoir jamais été payé par Scoppa et même avoir été mis de côté par le chef de clan, si bien que le tueur à gages a offert ses services au clan ennemi, celui des Siciliens. Mais l’histoire, pour le moment du moins, s’arrête là et l’ACI dit avoir été victime de sept ou huit tentatives de meurtre depuis le début des années 2010.

Association orageuse

En décembre 2018, l’ancien tueur à gages a envoyé un courriel à la Sûreté du Québec (SQ) disant qu’il avait des informations à donner. Il dit avoir rencontré des agents de la SQ au début de 2019 pour leur donner des renseignements sur ses agresseurs sexuels et des Hells Angels, mais c’est finalement un contrat d’ACI pour aider la police à élucider des meurtres ordonnés par les frères Salvatore et Andrew Scoppa, et Brad Pitt, qu’il a signé avec l’État en mai suivant.

Mais la relation entre l’ACI et la SQ a été orageuse tout au long de l’enquête baptisée Préméditer. L’ACI a eu des idées suicidaires et les enquêteurs ne lui ont pas fourni de véhicule, alors que cela était prévu au contrat, vraisemblablement à cause de sa grande consommation de cannabis acheté ailleurs qu’à la SQDC.

Il reproche à la SQ de ne pas avoir tenu ses promesses, notamment en ce qui concerne le traitement de ses problèmes de santé mentale et les enquêtes sur les agressions sexuelles dont il dit avoir été victime.

L’ACI a même craint de faire l’objet lui-même d’une infiltration inversée (Mister Big) et d’être aussi arrêté à la fin de l’enquête Préméditer.

En avril 2019, les enquêteurs et l’ACI ont suspendu leur collaboration durant un mois. Les policiers ont même pensé que c’était leur taupe qui avait tué Salvatore Scoppa dans le hall d’un hôtel de Laval durant cette suspension en mai 2019, mais cette éventualité a été rapidement écartée.

En mars 2020, l’ACI a été arrêté pour menaces de mort envers son ancienne conjointe de la maison de transition, ses policiers contrôleurs et un agent de la SQ, et il a été condamné à neuf mois de prison.

Son témoignage en cour a alors pu paraître incertain, mais il s’est présenté et a répondu aux questions durant 15 jours.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.