Un prédateur trentenaire qui a fréquenté une adolescente de 15 ans pendant plus d’un an en prétendant avoir lui-même 15 ans s’en est tiré vendredi avec un an de prison, une peine particulièrement clémente. Également condamné pour avoir frappé un journaliste, Christophe Villeret a montré peu de remords et s’est même apitoyé sur son sort.

« Deux articles sont sortis. J’ai eu beaucoup de peur, j’étais dépressif après l’évènement [concernant le journaliste]. J’ai été licencié de mon emploi… J’ai eu un gros six mois dur, dur. Je paranoïais dans la rue. Ça n’a pas été facile », s’est plaint le pédophile, avant d’admettre du bout des lèvres que son geste n’était « pas acceptable ».

En novembre 2020, quelques minutes après que la victime du pédophile se fut confiée à la cour sur les traumatismes subis aux mains de Christophe Villeret, ce dernier s’est attaqué au journaliste judiciaire du Journal de Montréal Michaël Nguyen. Devant deux représentants de La Presse, Christophe Villeret a asséné un violent coup de pied au journaliste, qui est également président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec.

Le pédophile a plaidé coupable vendredi à une accusation de voies de fait pour cette agression et a été condamné à 14 jours de prison. Devant la juge Marie-Josée Di Lallo, Michaël Nguyen a dénoncé l’« acte de lâcheté » de Christophe Villeret. « S’en prendre aux journalistes, ça n’a pas de sens dans une société comme la nôtre », a déploré le journaliste, qui a insisté sur la hausse des cas d’intimidation à l’égard des journalistes.

« Les journalistes ont le droit de faire leur travail en toute sécurité. Et le geste que vous avez commis au palais de justice est inacceptable », a conclu la juge.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Christophe Villeret, photographié en novembre 2020

Stratagème sordide

Le stratagème de Christophe Villeret pour abuser d’une adolescente de 15 ans est particulièrement sordide. Alors qu’il avait 31 ans en 2008, il a réussi à faire croire à sa victime qu’il avait seulement 15 ans grâce à un certificat de naissance falsifié. Christophe Villeret avait rencontré la victime sur une plateforme de rencontre pour adolescents sur l’internet.

Pendant un an, Christophe Villeret a eu des relations sexuelles complètes avec la victime à de nombreuses reprises. L’adolescente a mis fin à la relation en 2009, lorsqu’elle s’est rendu compte que Christophe Villeret avait communiqué avec sa jeune sœur. Elle a porté plainte 10 ans plus tard et demeure marquée au fer rouge par ces abus.

Malgré la gravité du crime, Christophe Villeret n’a été condamné qu’à une seule année de prison. Le procureur de la Couronne Me Jérôme Laflamme a longuement justifié auprès la juge le contexte entourant cette suggestion commune inusitée. « Elle a été négociée avant l’arrêt Friesen », a répété MLaflamme.

C’est qu’au moment de la reconnaissance de culpabilité de l’accusé en 2019, la Cour suprême n’avait pas encore rendu l’arrêt Friesen, qui est venu durcir les peines en matière de crimes sexuels contre les enfants. « Je n’aurais jamais proposé cette peine après Friesen. En appliquant la jurisprudence à l’époque, une peine de un an était raisonnable », a expliqué le procureur. La juge a retenu l’argument et a entériné la suggestion commune.