Le jury au procès de Marie-Josée Viau et de Guy Dion est séquestré depuis 16 h 40 vendredi après-midi et débutera ses délibérations samedi matin.

Marie-Josée Viau, 46 ans, et Guy Dion, 50 ans, sont accusés d’avoir comploté et tué les frères Vincenzo et Giuseppe Falduto dans le garage de leur propriété de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, le 30 juin 2016.

Les deux frères ont été tués par un tueur à gages de la mafia devenu ensuite agent civil d’infiltration (ACI) pour la Sûreté du Québec. Celui-ci a compromis Viau et Dion trois ans plus tard en leur parlant des meurtres et en les enregistrant à leur insu à au moins quatre reprises durant l’été 2019.

Ces enregistrements et le témoignage de cet ACI — qui a duré 15 jours au total — ont constitué le fer de lance de la preuve que la Poursuite a commencé à présenter à l’ouverture du procès le 31 mai.

La Poursuite prétend que Marie-Josée Viau et Guy Dion savaient que les meurtres étaient pour se produire sur leur propriété ce jour-là et que le couple a ensuite fait disparaitre toute trace du crime et brûlé les corps des victimes à ciel ouvert, ce qu’ont nié les deux accusés lors de leur témoignage sous serment.

Meurtre au second degré

Jeudi, le juge Éric Downs de la Cour supérieure, qui préside le procès, a commencé à donner ses directives aux membres du jury. Il a notamment expliqué les subtilités des chefs portés contre les accusés, complot et meurtre prémédité, et a dit aux jurés de faire bien attention « à ne pas appliquer à un accusé une preuve qui ne concerne que l’autre accusé ».

Il a également expliqué certains concepts telles « la connaissance réelle » et « l’ignorance volontaire » des accusés.

Le juge a offert au jury la possibilité qu’il en vienne à un verdict de meurtre non prémédité (2e degré) s’il n’est pas en mesure de reconnaître les accusés coupables de meurtres prémédités.

Les jurés ont demandé une copie écrite des 160 pages de directives du juge. Pour faciliter leur tâche, le magistrat leur a également fait remettre des « arbres décisionnels » c’est-à-dire des documents comportant des cases, des flèches, des explications et une grille d’analyse pour chacun des types de chefs.

Le juge Downs a rappelé des dizaines d’éléments entendus dans les différents témoignages et sur les enregistrements déposés en cour, et a suggéré une liste de questions que les jurés devraient se poser pour les aider dans leurs réflexions.

Dans ses directives, le magistrat a aussi invité les jurés à la prudence relativement au long témoignage de l’ACI qu’on ne peut identifier en vertu d’une ordonnance de non-publication.

« Je dois maintenant vous donner des instructions spéciales qui s’appliquent à ce témoin. L’expérience nous enseigne qu’il faut examiner ce témoignage avec beaucoup de prudence et le plus grand soin », a dit le juge Downs.

« Faites de votre mieux pour en arriver à une décision. Vous avez examiné et entendu cette cause de manière calme, sereine et impassible. Continuez votre bon travail. Le système judiciaire a mis sa confiance en vous. Un verdict juste est celui fondé sur la raison. Vous devez rendre vos verdicts sans préjugés ou sympathie pour quiconque pour que justice soit rendue. Analysez raisonnablement la preuve, ainsi vous rendrez les verdicts appropriés et vous aurez fait votre travail », a dit le juge aux jurés avant d’ordonner leur séquestration.

Des délibérations à 11

C’est à 11 et non à 12 que les jurés délibéreront puisque le juge Downs a libéré une jurée qui a été hospitalisée jeudi soir.

Les jurés sont donc maintenant coupés de tout contact extérieur pour délibérer entre eux. Le juge leur avait demandé en début de semaine d’apporter leur valise et effets personnels vendredi matin.

Tout au long du procès, la Poursuite a été assurée par MIsabelle Poulin et MKarine Cordeau du Bureau de la grande criminalité et des affaires spéciales (DPCP) et la Défense, par MMylène Lareau, pour Marie-Josée Viau, et MNellie Benoit pour Guy Dion.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.