Une enquête minutieuse, durant laquelle la police a été aidée par la technologie, a mené à l’arrestation spectaculaire de Frédérick Silva en février 2019.

C’est l’histoire de cette filature qu’un lieutenant-détective du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Victor Melo Gomez, a racontée mercredi, au procès du présumé tueur à gages accusé d’avoir tenté de tuer le mafieux Salvatore Scoppa en février 2017, et d’avoir assassiné Alessandro Vinci, Yvon Marchand et Sébastien Beauchamp en moins de trois mois, à l’automne 2018.

M. Melo Gomez a raconté que Silva était déjà soupçonné pour le meurtre d’un client d’un bar et pour la tentative de meurtre sur Scoppa lorsque l’assassinat de Sébastien Beauchamp est survenu, le 20 décembre 2018, sur le terrain d’une station-service du boulevard Langelier, à l’angle du boulevard Robert, dans l’arrondissement de Saint-Léonard, dans le nord-est de Montréal.

Lors de cet évènement, plusieurs balles perdues ont sifflé, ce qui a, selon le témoin, incité la direction du SPVM à vouloir accélérer les choses et à mettre la main au collet du présumé tueur.

Grâce notamment à des filatures effectuées entre autres par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, les enquêteurs de la Division du crime organisé du SPVM et leurs collègues des Crimes majeurs ont identifié des proches du fugitif, qu’ils se sont mis à suivre.

Ils ont vu l’un d’eux, Giovanni Presta jr, se rendre dans un mini-entrepôt de Terrebonne et quitter les lieux à bord d’une voiture louée à une entreprise de Montréal.

Le 20 décembre 2018, jour du meurtre de Sébastien Beauchamp, une caméra de surveillance d’une résidence privée de la rue Sulte, située près des lieux du crime, a filmé une voiture blanche qui s’est garée dans la rue et un individu masqué en sortir, quelques minutes avant l’assassinat de l’ancien motard.

Louée par « Nathan Beaulieu »

Grâce à certaines démarches, les policiers ont retrouvé cette voiture, une Malibu.

Ils ont alors réalisé que la Malibu avait été louée à la même entreprise. Ils ont ensuite mis la main sur le contrat de location, qui était un faux. « Le contrat a été fait au nom de Nathan Beaulieu, un ancien défenseur du Canadien, alors j’ai allumé. Le numéro de permis de conduire n’existait pas et l’adresse donnée ne correspondait pas non plus », a expliqué le témoin.

Toutefois, l’entreprise de location avait fait installer un GPS sur la voiture – en cas de vol –, et les enquêteurs ont obtenu un mandat pour analyser les déplacements du véhicule.

Les policiers se sont rendu compte que le véhicule avait quitté le mini-entrepôt de Terrebonne le 20 décembre, jour du meurtre de Sébastien Beauchamp, et ont pu constater que la voiture était dans le secteur des rues Sulte et de Courval au moment du crime.

Le 22 février 2019, grâce à certaines techniques d’enquête, le lieutenant-détective Victor Melo Gomez apprend que Frédérick Silva pourrait se trouver dans trois endroits dans le secteur de Griffintown, à l’ouest du Vieux-Montréal. Il fait déployer des équipes de filature, dont l’une remarque un homme qui promène un chien tard le soir dans la rue Duke. L’homme entre dans l’immeuble du 71, rue Duke et en ressort un peu plus tard.

Une première fileuse reconnaît alors Frédérick Silva, puis une deuxième. Le feu vert est donné. Le fugitif est arrêté par les membres du Groupe tactique d’intervention sans offrir de résistance.

Cette chronologie des évènements ne constitue pas de la preuve, prévient l’avocate de Silva, MDanièle Roy, qui précise que ces informations n’ont pas encore été éprouvées depuis le début des procédures.

Démarche particulière

Durant son témoignage, l’enquêteur Victor Melo Gomez a fait plus d’une fois une description de Frédérick Silva inspirée de vidéos de filature du sujet, qu’il a regardées à de nombreuses reprises.

Frédérick Silva a une démarche assez particulière qui est assez difficile à décrire. C’est comme si une jambe tombait endormie, il louvoie et semble avoir de la difficulté à garder une ligne droite. C’est une démarche très unique à M. Silva.

Victor Melo Gomez, lieutenant-détective au SPVM, qui a identifié formellement l’accusé dans le box

Mais MRoy a soulevé une objection à cette description. Rappelons que l’identification de l’accusé est l’un des enjeux majeurs de ce procès qui en est à sa 21e journée.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.