« Le 30 juin 2016, le tueur à gages se trouvait dans le garage de Marie-Josée Viau et de Guy Dion en compagnie des Falduto pour essayer des armes. Il a unilatéralement et impulsivement décidé de les tuer, car il a cru, erronément, que les frères voulaient le tuer. Si vous concluez que c’est ce qu’il s’est passé, il ne peut y avoir de complot et Marie-Josée Viau ne peut avoir participé à ce crime ».

C’est en résumé, le message que MMylène Lareau, l’avocate de Marie-Josée Viau, a lancé aux jurés mercredi, après trois jours de plaidoiries.

Marie-Josée Viau et son conjoint, Guy Dion, subissent depuis le 31 mai un procès pour complot et pour les meurtres au premier degré des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto survenus dans le garage de leur propriété de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, à l’été 2016. Les meurtres ont été commis par un ancien tueur à gages de la mafia qui s’est mis à collaborer avec la police deux ans et demi plus tard et qui a tenté de compromettre le couple Viau-Dion en ramenant les meurtres sur le tapis et en les enregistrant à leur insu à l’été 2019.

Mercredi, MLareau a longuement parlé de cet ancien tueur à gages de la mafia devenu taupe pour la police en soulignant notamment qu’il a, selon elle, menti durant son témoignage, qu’il a admis lui-même qu’il faisait de l’anxiété et des psychoses en 2016, et « qu’il était scrappé dans sa tête », en le citant.

MLareau a dit croire, arguments à l’appui, que les Falduto n’ont jamais été sur la liste des personnes à abattre des frères Scoppa et que les frères étaient des amis et dans le même camp que le tueur à gages. Elle a ajouté que si le tueur à gages s’est plaint que rien n’était prêt le jour des meurtres, c’est que justement, rien n’était planifié et qu’il a agi spontanément, en laissant les corps à « Marie-Josée et à Guy ».

« Le tueur a perdu le contrôle. Si le tueur a agi sous le coup d’une impulsion, c’est clair que Marie-Josée et Guy ne pouvaient pas le savoir non plus », a dit l’avocate, qui a aussi rappelé que le tueur à gages lui-même a témoigné que les meurtres ont eu lieu à l’insu des accusés.

Pas de conclusions hâtives

MLareau a également demandé aux jurés d’être prudents avant de tirer des conclusions hâtives du comportement de sa cliente sur les enregistrements déposés en cour. Elle a expliqué les contradictions survenues parfois dans le témoignage de Mme Viau par les évènements traumatisants, le stress du retour du tueur à gages et par les cinq ans écoulés depuis les évènements. Elle croit que sa cliente doit bénéficier du doute raisonnable.

Selon la criminaliste, Marie-Josée Viau a eu peur du tueur lorsque ce dernier lui est réapparu à l’improviste.

« Marie-Josée Viau s’est retrouvée trois ans pratiquement jour pour jour en face du meurtrier qui a tué des gens dans son garage, sans préavertissement, et elle a donc pris les mesures nécessaires pour ne pas le contrarier », a plaidé la criminaliste.

MLareau a dit que Marie-Josée Viau et Guy Dion ont reconnu avoir fait disparaître les traces du crime.

« Mme Viau le soumet avec beaucoup d’émotion et beaucoup de honte et ça, elle l’assume. Mais elle n’est pas accusée de cela. Elle est accusée de complot de meurtre. Sans le tueur à gages, ces deux hommes-là ne seraient pas morts le 30 juin 2016 dans le garage de Guy Dion et de Marie-Josée Viau », a dit MLareau.

« Je vous demande de prendre du temps. Il sera trop tard dans un an ou deux ans pour dire qu’il y avait place pour le doute raisonnable. Rendez votre décision uniquement sur la preuve et non pas sur les préjugés et la sympathie.

J’ai confiance que vous jouerez votre rôle de citoyen avec impartialité. J’ai confiance que vous jugerez Marie-Josée Viau comme vous aimeriez être jugés par vos concitoyens et que vous allez la traiter comme un membre de votre famille » a terminé MLareau avec émotions.

MIsabelle Poulin pour la Poursuite commencera sa plaidoirie jeudi matin.

Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

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