(Trois-Rivières) Le jury dans le procès de la belle-mère de la fillette de Granby a entendu l’enregistrement audio de l’intervention des ambulanciers, mardi. « Toujours pas de pouls, on n’a toujours pas de pouls », lance l’ambulancière Kariane Royer, qui a dirigé les tentatives infructueuses de réanimation de l’enfant de 7 ans.

La belle-mère de la fillette, accusée de meurtre au deuxième degré et de séquestration, a fixé le sol pendant toute l’écoute de l’enregistrement. Deux membres de la famille, qui étaient présents dans la salle, se sont enlacés, visiblement secoués.

« Peux-tu sortir un pocket mask ? », « on continue de masser », « il y a du vomi par terre. Il y a-tu quelque chose qui s’est passé ? », dit Kariane Royer, d’une voix alarmée, dans cet enregistrement de 22 minutes. La bande sonore, qui commence dans la maison de Granby et qui se termine à l’hôpital, est ponctuée d’un bip régulier qui a servi de repère pour le policier qui effectuait des compressions thoraciques sur l’enfant, ce matin du 29 avril 2019. Malgré une courte reprise de « l’activité électrique » du cœur, la petite est morte le lendemain à l’hôpital.

Kariane Royer a également témoigné lors de ce deuxième jour de procès. Elle a raconté qu’à son arrivée chez la patiente, cette dernière n’avait aucun pouls. L’ambulancière a d’ailleurs été frappée par la température dans la pièce où se trouvait la petite victime inconsciente. « C’était comme un mur de chaleur, comme en été quand on est dans une maison qui a l’air climatisé, qu’il y a une canicule dehors et qu’on sort. »

L’enfant était maigre, avait le teint « grisâtre » et avait des cheveux mouillés, par de la sueur ou du vomi, et ils étaient collés à son visage, a relevé le témoin. « C’était très sombre [dans la pièce]. On ne voyait pas grand-chose à ce moment-là. Il n’y avait pas de lit, pas de matelas, ça, je m’en souviens. La jeune fille était au sol, nue, dans ce qui semblait être une flaque d’urine ou de vomi. Ça sentait l’urine », a dit Mme Royer.

Elle portait aussi des « marques de compressions comme quand on porte des bas trop serrés », des cuisses jusqu’au thorax, a-t-elle ajouté. Lors de son contre-interrogatoire, l’ambulancière paramédicale a aussi révélé qu’elle avait remarqué des traces de doigts sur le thorax de l’enfant, comme si ses bras avaient été repliés sur elle et qu’elle était « restée coincée » de cette façon. MAlexandre Biron poursuivra d’ailleurs le contre-interrogatoire mercredi.

La Couronne entend démontrer que « l’accusée a séquestré la petite en l’enroulant dans du ruban adhésif ». Les procureurs MJean-Sébastien Bussières et MClaude Robitaille feront entendre une vingtaine de témoins lors de ce procès qui devrait durer entre six et huit semaines, à Trois-Rivières.

Lundi, les policiers Martin Noël et Linda Harpin ont aussi indiqué avoir trouvé la victime anormalement maigre, lors de leurs témoignages respectifs. Ils ont relevé la chaleur dans la pièce et les meubles empilés dans un coin. Les deux ont remarqué la présence de ciseaux et d’un objet en plastique collant près du corps de la fillette.

Une ordonnance de la Cour nous empêche de nommer certains noms et de décrire certains éléments de preuve dans ce procès.