Le procès des 11 militants antispécistes accusés de s’être introduits par effraction dans une porcherie de la ferme Porgreg à Saint-Hyacinthe en décembre 2019 s’est ouvert lundi au palais de justice de Longueuil.

Des dizaines de supporters du groupe ont tenu une manifestation devant le palais de justice en matinée.

En ouverture du procès, MGary Martin a dit que ses clients reconnaissaient être entrés dans la ferme, mais entendaient se défendre contre les accusations portées contre eux.

Ils admettent que les évènements ont eu lieu, mais ils ne sont pas coupables des accusations qui pèsent [sur] eux : c’est pour cela qu’on est en procès.

Me Gary Martin, avocat de la défense

Les bêtes de la ferme avaient été atteintes d’un rotavirus après l’action des manifestants, ce que les propriétaires de la ferme avaient attribué à leur présence durant plusieurs heures dans la porcherie. Or, le procureur MMiguel Boisvert a dit lundi que cet aspect ne serait pas abordé dans le procès puisqu’il n’était pas possible d’affirmer hors de tout doute raisonnable que l’éclosion était due à la présence des manifestants. « On n’ira pas là », a-t-il dit.

Le médecin vétérinaire François Cardinal viendra aussi témoigner lors du procès, ont annoncé les procureurs.

Le juge Marco LaBrie, de la Cour du Québec, entend l’affaire. Les procureurs de la Couronne sont Me Émilie Gadbois et MMiguel Boisvert. La défense est quant à elle assurée par MMartin, MPierre Poupart, MGiuseppe Battista, MAnnie Émond, MDominique Shoofey et MLouis-Nicholas Coupal.

« C’était tout à fait non violent »

L’an dernier, les accusés ont plaidé non coupable à des accusations d’introduction par effraction dans le but de commettre un méfait et d’entrave au travail d’un agent de la paix. Les accusés n’ont pas fait de commentaires auprès des médias lundi.

Jade Boss, porte-parole du groupe Direct Action Everywhere, qui prenait part à la manifestation devant le palais de justice, lundi, a dit que les coaccusés avaient mené une action de désobéissance civile dans le but de dénoncer les conditions de vie des animaux de cette ferme.

Ils sont entrés dans la porcherie et se sont assis par terre, c’est tout. Ils voulaient attirer l’attention sur le sort des animaux. C’était tout à fait non violent, tout à fait pacifique.

Jade Boss, porte-parole du groupe Direct Action Everywhere

Le Québec protège bien ses animaux, mais ces protections ne s’appliquent pas aux animaux d’élevage, a-t-elle dénoncé.

« S’il s’agissait de chats et de chiens qui étaient maltraités de la sorte, nous serions 50 000 ce matin devant le palais de justice. Pourquoi ce serait acceptable parce qu’il s’agit de cochons ? C’est pour cette raison qu’il nous faut une charte des droits des animaux au Québec. »

Le 7 décembre 2019, 12 militants antispécistes – 11 femmes et 1 homme – sont entrés dans la porcherie de l’entreprise agricole Porgreg. Membres du groupe de désobéissance civile Direct Action Everywhere, ils ont mené un sit-in de près de six heures devant les cages des bêtes pour demander une rencontre avec le premier ministre François Legault afin de réclamer le droit de sauver les bêtes qu’ils estimaient en danger.

Rapport accablant

Un rapport d’inspection du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) réalisé à la ferme Porgreg et daté du 16 décembre 2019, soit peu après l’action des accusés, fait état d’une série de manquements liés à l’insalubrité et à la promiscuité des animaux.

Obtenu par Radio-Canada, le rapport fait état de « parcs de 20 porcs […] qui souillent le parc en entier », de « porcelets de la pouponnière à leur dernière semaine qui souillent leur parc », d’« infestation d’animaux nuisibles » et de la présence d’un « animal moribond » auquel il aurait fallu, selon l’inspecteur du Ministère, donner les soins de santé exigés […] y compris l’euthanasie s’il y a lieu ».

Une visite subséquente du MAPAQ réalisée le 16 mars 2020 a montré que des correctifs avaient été apportés, selon Radio-Canada. « Les porcelets sont étendus, propres, et les parcs sont secs et sans mouches. Pour la section engraissement et gestation, la ventilation est augmentée, la température abaissée, […] les animaux sont propres et calmes. »

Le procès se poursuit ce mardi.