(Trois-Rivières) Le procès très attendu de la belle-mère de la fillette de Granby s’est ouvert lundi avec l’écoute d’un appel au 911 et le témoignage de deux policiers qui sont intervenus en premier sur la scène de crime, le matin du 29 avril 2019. La femme est accusée de meurtre non prémédité et de séquestration de l’enfant de 7 ans. Elle a plaidé non coupable.

Dans sa déclaration d’ouverture, le procureur de la Couronne a indiqué au jury qu’il entendait faire la démonstration que « l’accusée a séquestré la petite en l’enroulant de ruban adhésif ». « Inévitablement, certains éléments de preuve seront difficiles à regarder ou à entendre », a déclaré MJean-Sébastien Bussières. L’accusée de 38 ans, vêtue d’un tailleur noir et coiffée d’un chignon, n’a pas bronché. Des membres de la famille de la victime ont pu assister au procès dans une « salle de débordement » aménagée au palais de justice de Granby.

PHOTO SYLVAIN MAYER, LE NOUVELLISTE

Me Jean-Sébastien Bussières, procureur de la Couronne

La Couronne a ensuite appelé son premier témoin, Amélie Verville, une opératrice du 911 qui a reçu l’appel de détresse provenant du 23, rue Lindor à Granby, ce matin d’avril 2019. Les procureurs ont fait entendre la discussion entre Mme Verville et son interlocuteur, qu’on ne peut pas nommer en raison d’une ordonnance de la Cour.

« Vite, une ambulance. [La] petite ne respire plus. Rien. Elle est morte », lance d’entrée de jeu la personne qui a composé le numéro d’urgence. L’enregistrement, qui a été présenté aux 14 jurés, laisse entendre d’autres voix paniquées en bruit de fond. Dans le box des accusés, la belle-mère de l’enfant a versé quelques larmes à l’écoute de l’appel.

« Est-ce qu’il y a de la nourriture ou de la vomissure ? », a demandé l’opératrice pendant l’appel qui dure moins de cinq minutes. « Non, elle a manqué d’air. Je vais vous expliquer ça quand vous allez arriver », répond la personne, qui éclate en sanglots peu de temps après.

La fillette inerte

L’agent Martin Noël, premier policier à s’être présenté sur les lieux, a ensuite raconté au jury ce qu’il a vu en entrant dans la maison de Granby. Dans la cuisine, une femme et un enfant lui ont indiqué que l’enfant en détresse se trouvait dans une pièce, au fond d’un couloir. « J’entre dans la pièce. On sent un mur de chaleur. C’est palpable. La température est élevée », a-t-il raconté.

La fillette, complètement nue, était étendue au sol, selon le policier. Elle était inerte et l’agent a commencé des manœuvres de réanimation. « Je me rends compte que le corps baigne dans un liquide qui semble être de l’urine ou des vomissures », a-t-il expliqué à la Cour.

Le policier a parlé du corps de l’enfant comme étant « rachitique ». La fillette portait des marques sur ses jambes, ses bras et près de son pouce, a-t-il dit. Il a trouvé une matière en plastique, en boule, et des ciseaux près de la victime. Les médecins ont constaté sa mort le lendemain, à l’hôpital.

Des marques sur le corps

La policière Linda Harpin s’est à son tour présentée à la barre des témoins, où elle a raconté son arrivée sur la scène, environ une minute après son collègue. Les ambulanciers sont arrivés au même moment, selon sa version des faits.

La chambre se trouvait « dans la pénombre », a-t-elle décrit. La policière a alors approché une lampe de chevet, sans abat-jour, pour éclairer la fillette inconsciente. Celle-ci était maigre et portait des marques sur le corps, a dit le témoin. « [Les marques], je pourrais vous décrire ça comme quand on met un bandage élastique trop serré. Ça fait des marques. Elle était toute en sudation. Dans son petit visage, elle avait des cheveux collés un peu partout », a expliqué la policière, ébranlée.

« Près d’elle, il y avait comme un amas de plastique, comme une carapace, avec une paire de ciseaux », a-t-elle poursuivi. Les deux policiers ont aussi mentionné avoir remarqué l’état de la pièce. Les meubles étaient tous empilés devant une fenêtre.

En contre-interrogatoire, le procureur de la défense Alexandre Biron a questionné Mme Harpin sur les méthodes policières lorsque les agents interviennent sur une scène de crime. La policière a répondu qu’elle ne portait pas de gants lors de son intervention et qu’elle a dû déplacer un meuble télé qui obstruait une partie de la porte où se trouvait l’enfant. L’objet en plastique a aussi bougé durant l’intervention, a-t-elle précisé.

Mardi, le procès se poursuivra avec le témoignage d’autres policiers et ambulanciers qui sont intervenus au domicile de la fillette de Granby. Lors de ce procès présidé par le juge Louis Dionne, une vingtaine de témoins seront appelés à témoigner. Les appels et les messages textes de l’accusée, des photos de la victime et des images de l’arme du crime seront également présentés en preuve. Le procès devrait durer entre six et huit semaines.

Une ordonnance de non-publication nous empêche d’identifier certains témoins et de dévoiler des éléments de ce procès.