Le corps de Pierre Lacroix, pompier d’expérience disparu dans le fleuve Saint-Laurent au cours d’une opération de sauvetage dimanche soir, a été localisé et repêché au lendemain du drame. Sa mort a suscité nombre de réactions et de messages de soutien dans la métropole.

À la caserne 64, dans le secteur de Lachine, où le pompier d’expérience travaillait, les mines étaient basses et les drapeaux, en berne. « Nous sommes tous sous le choc. C’est une journée difficile pour tous les pompiers, on ne souhaite jamais que ces choses-là arrivent à l’un des nôtres », a expliqué un collègue, la gorge serrée, au passage de La Presse lundi.

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Les drapeaux étaient en berne à la caserne 64, dans le secteur de Lachine, où travaillait Pierre Lacroix.

Pierre Lacroix avait son métier tatoué sur le cœur, renchérit-il. L’homme de 58 ans était pompier depuis une trentaine d’années. Né dans le secteur de Lachine, le père de famille avait de nombreuses années d’expérience au sein du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) et était bien connu dans la collectivité. Il devait prendre sa retraite au courant de l’année prochaine. Il laisse dans le deuil sa conjointe et ses deux filles. « On parle ici d’un pompier expérimenté, spécialisé en sauvetage nautique. Quelqu’un qui connaissait les points d’eau du secteur. Le métier de pompier, c’est d’aller où les gens sont en danger. Ça va toujours rester un métier risqué », a expliqué avec émotion Richard Liebmann, directeur du SIM.

Dimanche vers 19 h 10, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a reçu une demande d’assistance à l’angle du boulevard LaSalle et de l’avenue Lacharité pour un bateau à la dérive dans les rapides de Lachine, avec à bord deux plaisanciers en détresse.

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Quatre pompiers du SIM se sont alors rendus sur les lieux. L’embarcation des pompiers, qui tentaient de porter secours aux occupants du bateau, a chaviré. Les deux passagers et trois pompiers ont pu être secourus. Mais le quatrième pompier, Pierre Lacroix, manquait à l’appel.

C’est dans la nuit de dimanche à lundi, vers 3 h, qu’une caméra sans fil a permis de le localiser. Il était submergé sous l’embarcation chavirée dans les rapides de Lachine. L’opération pour récupérer le noyé était risquée, avait précisé M. Liebmann au moment de la triste découverte.

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Richard Liebmann, directeur du Service de sécurité incendie de Montréal et Valérie Plante, mairesse de Montréal

Nous avons dû faire appel à d’autres ressources pour l’extirper. C’était trop dangereux.

Richard Liebmann, directeur du Service de sécurité incendie de Montréal

M. Lacroix a été conduit à l’hôpital de Verdun à 9 h 25, où son décès a été confirmé.

Des « mesures de soutien » mises en place

Les circonstances exactes de cette mission de sauvetage au dénouement tragique font objet d’une enquête du SPVM et de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

Les trois collègues qui l’accompagnaient lors de la périlleuse opération de la veille ont été hospitalisés, mais s’en sont sortis. Les deux plaisanciers sont sains et saufs.

Dans une séquence filmée du difficile sauvetage, on peut voir les pompiers tendre une corde vers l’embarcation dans laquelle naviguaient les deux personnes en détresse. Une vague frappe ensuite le bateau des quatre pompiers venus les sauver. Ils chavirent sous l’impact.

« Ils sont à l’envers », dit, en panique, l’une des passagères en détresse.

« On a été témoins d’un travail d’équipe incroyable. On a mis en place les mesures de soutien pour l’ensemble des pompiers, surtout ceux qui travaillaient et côtoyaient M. Lacroix », a indiqué Chris Ross, président de l’Association des pompiers et pompières de Montréal, au cours de la journée de lundi.

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Plante et Coderre offrent leurs condoléances

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a offert ses condoléances à la famille du pompier et « à toute la communauté des pompiers qui font un travail remarquable ».

« Ils donnent leur vie pour sauver celle des autres, et c’est exactement ce qui s’est passé [dimanche] », a-t-elle dit en point de presse.

« J’offre mes sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à ses collègues », a aussi dit son principal opposant dans la course à la mairie, Denis Coderre.

Le SPVM, les pompiers de Saint-Jean-sur-Richelieu, de Longueuil, de Varennes et de La Prairie ont agi en soutien pour retrouver l’homme qui avait sombré dans le fleuve.

Deux hélicoptères ont survolé le périmètre et la Garde côtière canadienne avait été appelée en renfort dans cette opération.

Avec Isabelle Ducas et Alice Girard-Bossé, La Presse