Un Montréalais a été condamné à quatre ans de prison pour avoir agressé sexuellement une adolescente de 17 ans avec une autre personne. Darryl Célestin a toutefois été acquitté d’accusations de proxénétisme et d’agression sexuelle à l’endroit d’une fugueuse d’un centre jeunesse en raison des souvenirs trop « flous » de l’adolescente vulnérable de 15 ans.

L’homme de 24 ans, surnommé « kriminel », s’en est pris à sa victime de 17 ans en novembre 2019 pendant un évènement de recrutement d’escortes mineures dans un hôtel du centre-ville de Montréal. Ève* fréquentait alors Carl*, jeune proxénète condamné en Chambre de la jeunesse dans ce dossier, mais dont l’identité est protégée par la loi.

Pendant une fête, Ève est sur un lit avec Carl, lorsque Darryl Oliver Célestin entre dans la chambre. Il est « vraiment saoul », selon la victime. Sans lui demander, l’accusé commence à lui toucher les parties génitales. Il prend ensuite l’adolescente pour l’agresser sexuellement pendant que Carl se prête à des gestes sexuels.

Quand Ève réussit finalement à se défaire, Darryl Célestin lui barre le chemin. Elle ne peut pas juste le « tease » et s’en aller, lui lance-t-il. L’agresseur tente de la prendre de force, mais Ève le repousse et quitte les lieux.

Lors d’une autre soirée avec le même groupe, Ève et deux autres filles sont prises en photo dans le but de leur créer un profil d’escortes. Carl propose à Ève de lui trouver des clients et de partager les profits. À l’époque, elle ignorait le sens du terme « proxénétisme ». C’est après coup que l’adolescente se rend aux policiers.

Longue feuille de route

Le juge Yvan Poulin n’a accordé « aucune crédibilité ou fiabilité » au témoignage de l’accusé, alors qu’il a souligné le récit « cohérent et crédible » et sans exagérations de la victime. Depuis l’agression, celle-ci fait régulièrement des cauchemars et a de la difficulté à se concentrer à l’école. Elle craint la vengeance de son agresseur.

Darryl Célestin, qui affiche une longue feuille de route criminelle, fait preuve d’une introspection « plutôt limitée », selon le juge. En présentant ses « excuses » à la victime, l’agresseur a dit qu’il cherchait toujours à comprendre « comment elle aurait pu dire non de façon non verbale ».

La Couronne réclamait cinq ans de détention, contre deux ans pour la défense. Une position « beaucoup trop clémente », selon le juge, qui a insisté sur les nombreux facteurs aggravants pour imposer quatre ans d’emprisonnement à Darryl Célestin, dont il lui reste deux ans à purger.

« L’accusé a poursuivi ses gestes après que la victime eut réussi à se défaire de lui une première fois. L’infraction commise par l’accusé est sérieuse et la peine doit refléter la gravité du geste », a conclu le juge, le 29 septembre dernier.

Incertitudes et ambiguïtés

Dans l’autre dossier, une fugueuse de 15 ans s’était réfugiée dans un studio du centre-ville servant de repaire pour des trafiquants de drogue. Pendant sa fugue d’une semaine, des photos de l’adolescente ont été affichées sur des sites d’escortes. Si Carl a agi comme proxénète, la plaignante n’a pas convaincu la cour que l’accusé avait fait de même.

Le juge a donc fait profiter Darryl Célestin du doute raisonnable en raison des « incertitudes et ambiguïtés importantes » dans le témoignage de la plaignante. Il est toutefois « indéniable », selon le juge, que la « vulnérabilité » et « l’intoxication » de l’adolescente ont affecté sa mémoire des évènements.

MBruno Ménard représentait le ministère public, alors que MRoucha Oshriyeh et MMaria S. Vivas défendaient l’accusé.

* Prénom fictif pour protéger l’identité de la victime.