François Amalega, ce militant antimasque incarcéré depuis sept jours parce qu’il refuse de porter un couvre-visage lors de son procès pour entrave au travail des policiers, s’estime victime d’une « religion » dont le Dr Horacio Arruda est un « prêtre » qui lui a imposé une « peine cruelle et inusitée ».

Forcer M. Amalega à porter le masque qui, selon lui, l’expose à des bactéries et à son propre gaz carbonique, « c’est comme si on me tendait un plat avec mes excréments et qu’on me forçait à le manger. J’ai été soumis à un traitement dégradant », a-t-il lors de son témoignage et de sa plaidoirie devant le juge Randall Richmond, de la Cour municipale, mardi matin.

« Le gouvernement devrait me verser des réparations pour ce qu’il m’a fait subir », a ajouté M. Amalega à cinq occasions.

L’homme de 43 ans, ex-professeur de mathématiques au Collège Jean-de-Brébeuf, est accusé d’avoir entravé le travail des policiers le 12 mars dernier. Il s’est présenté ce jour-là sans masque dans une épicerie de l’arrondissement de Saint-Laurent, obligeant le gérant à appeler les policiers. Même après avoir été arrêté par les policiers et s’être fait remettre une contravention pour non-respect des mesures sanitaires, M. Amalega est retourné au magasin sans masque, suivi par six policiers qui l’ont plaqué au sol pour le maîtriser.

Le juge Randall Richmond a permis à M. Amalega d’expliquer pendant près d’une heure pourquoi les décrets sanitaires sont selon lui illégaux. L’exercice ne visait pas à tester la légalité des mesures adoptées par Québec, qui ne sont pas en cause dans ce procès, mais plutôt à comprendre l’état d’esprit de l’accusé au moment des faits.

M. Amalega soutient que le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, a imposé le port du masque sans aucune preuve scientifique de son utilité. « C’est comme une croyance religieuse, au même titre qu’une religion qui force une femme à porter le voile », a-t-il illustré.

« Le masque met ma vie en danger. Porter le masque est pour moi une agression violente », a insisté M. Amalega.

« On est en train de m’imposer une peine cruelle et inusitée », a-t-il soutenu, plaidant que l’obligation de porter le masque est une violation de la Charte canadienne des droits et libertés, de sa liberté de religion, ainsi que de la Déclaration des droits de l’homme.

Le procureur de la Couronne, MHugo Lalonde, ne lui a posé qu'une seule question en contre-interrogatoire : « Vous avez accès à l'internet pour faire vos recherches ? Pourquoi ne pas faire votre épicerie en ligne ? »

« Parce que je veux faire mon épicerie en personne. C’est un peu comme si on demandait aux gens qui ont peur du virus pourquoi ils ne font pas l’épicerie en ligne… Ce serait une belle solution : qu’on laisse la vie normale à tout le monde, et que ceux qui ont peur [du virus] la fassent en ligne », a dit M. Amalega.

Le juge Richmond, qui veut éviter à M. Amalega de demeurer détenu plus longtemps en étirant le procès, doit rendre sa décision en après-midi. La Couronne a déjà a annoncé qu’en cas de verdict de culpabilité, elle n’a pas l’intention de réclamer d’autre peine que les sept jours d’incarcération que M. Amalega a déjà subis pour son refus de porter le masque pendant les procédures judiciaires.