Même s’il devra passer quatre jours de plus en prison, le militant antimasque François Amalega Bitondo préfère expliquer en détail au juge en quoi la pandémie est mathématiquement inexistante à ses yeux, plutôt que de clore son procès immédiatement sans incarcération.

L’ex-professeur de mathématiques du collège Jean-de-Brébeuf, qui multiplie depuis plusieurs semaines les manifestations antivaccins devant des écoles secondaires, est accusé en cour municipale d’entrave au travail des policiers, pour un évènement survenu le 12 mars 2021.

Ce jour-là, François Amalega Bitondo s’est présenté sans masque dans un supermarché Maxi de l’arrondissement de Saint-Laurent. Après une altercation avec l’aide-gérant, il a été intercepté à la sortie du commerce par les policiers, qui l’ont arrêté et lui ont remis un constat d’infraction pour violation des décrets sanitaires. Il est cependant retourné dans le commerce aussitôt qu’il a été libéré par les policiers. Les agents ont alors dû le suivre dans le supermarché et le mettre au sol pour le maîtriser. Des images vidéo présentées en preuve montrent qu’il s’est débattu avec acharnement pour se relever malgré l’emprise physique exercée par les agents.

En tout, six patrouilleurs et deux sergents du Service de police de la Ville de Montréal ont été mobilisés pendant plus de 3 heures 30 minutes pendant l’intervention, pour éviter que François Amalega Bitondo ne retourne dans le commerce sans masque pour faire ses emplettes.

Devant le juge, François Amalega Bitondo, qui a décidé de se représenter seul, a cherché à démontrer qu’il n’y a pas de pandémie de COVID-19 au Québec, et qu’en conséquence, « ce n’est pas le travail des policiers d’empêcher un homme d’acheter du pain ».

Le juge Randall Richmond a clairement indiqué à l’accusé qu’il ne pouvait pas, à ce stade, contester la validité des décrets sanitaires puisqu’il n’avait fait aucune requête pour faire témoigner le procureur général – l’avocat du gouvernement – dans sa cause. Le juge a toutefois indiqué qu’il souhaitait entendre son argumentaire au sujet de la pandémie pour comprendre « son état d’esprit » au moment des faits.

François Amalega Bitondo s’est alors lancé dans une longue envolée mathématique, basée sur des données de l’INSPQ, pour « prouver que la COVID-19 » n’est pas un danger pour la société. Selon lui, les personnes mortes de la maladie étaient pour la plupart déjà très âgées et se trouvaient « dans le couloir de la mort ». « Le tabac tue 13 000 personnes par année, et pourtant, il est toujours légal même si les personnes qui fument engorgent les hôpitaux », a-t-il entre autres argumenté.

La suite de son témoignage devra cependant attendre à mardi prochain, date la plus rapprochée possible pour la suite du procès. D’ici là, François Amalega Bitondo restera incarcéré à la prison de Bordeaux, puisqu’une ordonnance d’incarcération a été rendue par la Cour devant son refus de se présenter au tribunal avec un couvre-visage.

La Couronne a pourtant d’ores et déjà annoncé qu’elle n’avait pas l’intention de demander de peine d’incarcération supplémentaire contre l’accusé s’il était reconnu coupable d’entrave, puisqu’il avait déjà passé trois nuits en prison pour exercer son « refus de conscience » de porter le masque. « M. Amalega est en train de tenir [devant vous] un discours politique qui n’a aucune chance de succès. Je vous implore de recadrer le débat », a demandé le procureur de la Couronne, Hugo Lalonde.

Mais François Amalega Bitondo tient à poursuivre son explication coûte que coûte. « Pour moi, c’est un risque très faible même si je dois passer une semaine de plus en prison », a-t-il lancé.

« Si la cause se termine aujourd’hui, il n’aura pas le sentiment d’avoir été écouté pleinement », a pour sa part constaté le juge Richmond, avant de suspendre la cause jusqu’à mardi matin.